Dans un tribune publiée le 2 novembre par Le Figaro, le président des Républicains (LR) Laurent Wauquiez, le président du groupe LR au Sénat Bruno Retailleau, son homologue à l'Assemblée Christian Jacob, le député européen Franck Proust ainsi que Jean Leonetti ont clairement pris position contre la «PMA sans père».
Dans ce texte, ils affirment que l'ouverture de la procréation médicalement assistée (PMA) à toute les femmes ouvre la voie à «des dérives qu'il faut mesurer avec lucidité». «Les questions dites sociales soulèvent des enjeux éthiques lourds que les revendications légitimes pour l’égalité, le bonheur ou l’amour ne sauraient évacuer», affirment-ils, pensant devoir répondre à la question avec un «cœur intelligent».
«Tout ce qui est scientifiquement possible est-il pour autant humainement souhaitable ? La marche du progrès signifie-t-elle la négation des limites ?», interrogent les signataires, qui se demandent s'il n'existe pas un risque à nier «délibérément le rôle et la représentation du père dans l'éducation de l'enfant».
«Injonction au mouvement perpétuel»
Surtout, selon eux, ce nouveau droit constitue «une étape vers les mères porteuses et la marchandisation du corps de la femme». «Un engrenage est à l'œuvre : comment refuser demain aux couples d'hommes ce que l'on accorderait aux couples de femmes ?», font-ils remarquer, tout en soulignant l'évolution rapide sur la question du Premier ministre Edouard Philippe, résolument opposé à la PMA sans père il y a encore cinq ans. «Il dirige aujourd'hui un gouvernement qui souhaite la mettre en œuvre, tout en se disant "très défavorable à la GPA". Qu'en sera-t-il dans cinq ans ?»
Les ténors des Républicains soutiennent qu'il ne s'agit aucunement pour eux de s'opposer au progrès scientifique, mais de remplir le rôle incombant à la politique et au droit, qui doivent savoir freiner certaines demandes de la société si elles sont dangereuses. «Nous semblons entraînés par une injonction au mouvement perpétuel, par un dépassement incessant des frontières, par une extension infinie des droits oublieuse de nos devoirs», déplorent-ils ainsi.
La procréation médicalement assistée, ou insémination artificielle par don de gamètes anonyme, est aujourd'hui autorisée pour les couples de sexe différent infertiles. La majorité entend l'ouvrir aux couples de même sexe, ainsi qu'aux célibataires, conformément aux engagements de campagne du candidat Macron. Le gouvernement a prévu de présenter avant la fin de l'année un projet de loi qui sera débattu par le Parlement au premier semestre 2019.
Cette tribune paraît quelques jours après un autre texte de cinq députés LR, qui se disaient au contraire favorables au projet. «Députés de droite, assumant les valeurs de notre famille politique, nous refusons d’être enfermés dans une posture hostile au progrès [...] dans une réflexion clivée qui serait une paresse intellectuelle nous consignant dans un refuge réactionnaire, archaïque et conservateur», avaient ainsi écrit ces signataires dans Le Monde, emmenés par le député de l'Oise Maxime Minot.
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