France

Gilets jaunes : où en est la mobilisation des ronds-points ?

Loin de la lumière des projecteurs braqués sur les scènes sensationnelles dans les rues des grandes villes, de nombreux Gilets jaunes restent mobilisés un peu partout en France, notamment sur les ronds-points, devenus symboles de leur contestation.

«Les combats c'est fini, le débat c'est maintenant !» affirmait le 16 décembre, à l'antenne de France info, le président de l'Assemblée nationale, Richard Ferrand. Expliquant vouloir «libérer l'espace public», l'un des premiers parlementaires socialistes à avoir rejoint Emmanuel Macron n'hésitait pas à suggérer d'envoyer «les CRS ou les gendarmes à la campagne» sur les sites encore occupés par les Gilets jaunes.

Pourtant, près de quatre semaines plus tard, alors que le mouvement ne semble toujours pas s'essouffler, de nombreux Français restent mobilisés. Loin des rassemblements urbains qui attirent logiquement l'attention des chaînes d'information nationales, ces actions locales se poursuivent tant bien que mal, comme en témoignent la presse quotidienne régionale ainsi que les publications d'internautes sur les réseaux sociaux.

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Le 8 janvier, sur la Côte d'Azur, à la suite de leur entretien avec le maire d'Antibes, une centaine de Gilets jaunes ont par exemple décidé de maintenir leur présence sur le rond-point de Provence, où ils se relaient jour et nuit.

Comme le rapportait Nice matin le même jour, ces Gilets jaunes ont exprimé leur intention de défendre ce lieu symbolique du nord d'Antibes, devenu leur quartier général, face aux forces de l'ordre qui devraient venir les déloger : «Le recours à la force est donc nécessaire», avait prévenu Jean Leonetti, le maire d'Antibes (Les Républicains).

En Loire-Atlantique, dans la ville de Donges, le rond-point des Six Croix est également dans le viseur de la préfecture, une requête en référé ayant été déposée par le préfet le 4 janvier, demandant l'expulsion des Gilets jaunes présents sur place. Comme le rapporte France 3 Pays de la Loire, ces derniers se sont rendus au tribunal administratif de Nantes le 8 janvier, accompagnés du maire de la commune, François Cheneau, qui les a soutenus dans leurs précédentes actions. Le tribunal administratif a mis sa décision en délibéré d'ici la fin de la semaine.

Dans le département d'Eure-et-Loir, après une perte d'intensité pendant la période des fêtes, des actions locales ont repris sur plusieurs ronds-points, notamment aux abords de Chartres, Dreux, Châteaudun ou encore Nogent-le-Rotrou. Comme l'explique ce 9 janvier le quotidien L'Echo Républicain, les Gilets jaunes du rond-point des Fenots à Dreux, se sont réjouis de la visite d'autres Gilets jaunes venus de la capitale «qui font le tour du grand Ouest des Gilets jaunes».

Le 8 janvier, un internaute a partagé sur les réseaux sociaux, depuis Castelnaudary dans l'Aude, des images qu'il présente comme «la reconstruction du local Gilets Jaunes du rond point Intermarché», alors que les flammes l'avaient ravagé dans la nuit du 5 au 6 janvier. Dans un de ses tweets, l'internaute se félicite de «la mobilisation de tous [les] sympathisants frustrés qui ne cessent de croître», affirmant ensuite : «Nous sommes là pour le peuple non pour être violentés.»

En région parisienne, une mobilisation nocturne de Gilets jaunes a eu lieu dans la ville de Pontault-Combault, comme en témoigne une diffusion lancée en direct sur Facebook, en fin de soirée le 8 janvier. Un compte Twitter pro-Gilets jaunes qui a relayé une partie de la vidéo affirme que «plus d'une centaine» de citoyens se seraient rassemblés «au rond-point de Carrefour».

Face aux multiples tentatives de démantèlements, certains Gilets jaunes envisagent d'ores et déjà une transformation de leur action. En Bretagne par exemple, des Gilets jaunes organisaient ce 8 janvier leur premier débat en public à la salle des fêtes de Paimpol. Si certains ont déploré l'absence, en raison d’un voyage prévu à Las Vegas, du député La République en marche (LREM) de la circonscription, Éric Bothorel, le ton général était à l'anticipation de la suite des actions. Selon leurs propos, rapportés par Le Télégramme, certains participants ont ainsi proposé des actions se substituant à l’occupation des ronds-points.

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Après une première phase initiée le 17 novembre 2018 et marquée par des manifestations plus ou moins spontanées, plusieurs propositions et doléances ont émergé de la mobilisation des Gilets jaunes, se structurant autour de revendications phares, comme l'augmentation du pouvoir d'achat, ou l'instauration du référendum d'initiative citoyenne, le fameux RIC. Le mouvement cherche désormais à se transformer durablement, de façon à obtenir la concrétisation des propositions qu'il a fait naître.

Fabien Rives