Interpellé par le directeur du cabinet d’Emmanuel Macron, Patrick Strzoda, qui l'avait sommé de s'expliquer sur «d'éventuelles missions personnelles et privées» lorsqu’il travaillait à la présidence de la République, Alexandre Benalla a répondu par écrit, dans la soirée du 28 décembre.
Dans ce courrier, dont l'AFP a obtenu copie, Alexandre Benalla explique au détour d'un reproche adressé à Patrick Strzoda qu'il n'a pas coupé les ponts avec certaines personnes à l'Elysée : «Au regard des relations que j'entretiens avec certains membre de la présidence, et des échanges réguliers que j'ai avec eux, il eût été plus cohérent de me transmettre directement ces interrogations auxquelles je n'aurais pas manqué de répondre, sans qu'il soit nécessaire de les porter sur la place publique.»
L'ancien collaborateur d'Emmanuel Macron assure n'avoir jamais effectué «de missions personnelles et privées» alors qu'il était employé à l'Elysée. Quant à son activité professionnelle depuis qu'il n'y travaille plus, il explique qu'elle se fait «dans le strict respect déontologique qu'impliquent [ses] fonctions passées au sein du cabinet».
«Je ne me suis jamais prévalu d'une quelconque recommandation ou appui de la présidence de la République dans le cadre de mes nouvelles activités, et le prétendre serait purement mensonger» et «diffamatoire», soutient-il dans son courrier.
Des passeports au centre de l'attention
La question se pose d'autant plus suite aux révélations de Mediapart et du Monde, qui ont rapporté qu'Alexandre Benalla continuait de voyager avec des passeports diplomatiques, comme lors de ses récents déplacements en Afrique et en Israël. Ce dernier avait pourtant affirmé, sous serment le 19 septembre, devant la commission d'enquête du Sénat, avoir laissé ces documents dans son bureau de l'Elysée.
Interrogé par le JDDà ce sujet le 28 décembre, Alexandre Benalla affirme ne pas avoir menti à la commission d’enquête du Sénat. «Quand j’ai répondu aux sénateurs, le 19 septembre, les passeports se trouvaient bien dans mon ancien bureau à l’Elysée, comme je l’ai dit. Ils m’ont été restitués par la Présidence début octobre avec mes effets personnels», a-t-il déclaré.
De son côté, l'Elysée a annoncé ce même 28 décembre ne disposer «d'aucune information» des services de l'Etat sur l'utilisation par Alexandre Benalla de passeports diplomatiques, et assure avoir demandé au Quai d'Orsay d'en obtenir la restitution dès son licenciement. «Dès le licenciement pour motif disciplinaire de Monsieur Benalla, la présidence de la République a demandé aux administrations compétentes de procéder aux démarches nécessaires afin que ces passeports soient restitués et ne puissent plus être utilisés», écrit l'Elysée dans un communiqué. Le Quai d'Orsay avait pour sa part fait savoir le 27 décembre qu'il avait réclamé plusieurs fois à Alexandre Benalla qu'il restitue ces documents.
Alors que les questions se multiplient sur le véritable rôle joué par Alexandre Benalla, et que l'opposition exige des explications, le ministre des Affaires étrangères a décidé le 28 décembre de saisir le procureur de la République.
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