France

Imposer tout le monde : la drôle d’idée d’une élue LREM sur fond de crise des Gilets jaunes

Face à la révolte des Gilets jaunes, qui représente une fraction de la population française souvent non imposable mais qui s'estime écrasée par les impôts indirects, des élus de La République en marche cherchent des solutions. Quitte à choquer ?

Alors que la grogne contre le fardeau fiscal gronde, des élus font parfois preuve d'originalité pour désamorcer la situation... Interviewée le 20 décembre par Le Parisien, la députée La République en marche (LREM) Bénédicte Peyrol a émis une idée pour restaurer le consentement à l'impôt : en substance, que tout le monde le paie.

«Il faut mettre à plat tout le système fiscal, que tout le monde paie des impôts, dès le premier euro», explique l'élue de 27 ans, membre de la commission des Finances de l'Assemblée. «C’est important, car l’impôt sur le revenu sert de lien avec l’État. Il faut aussi revoir les tranches de l’impôt pour que la répartition se fasse mieux», détaille-t-elle encore, Le Parisien lui reconnaissant le mérite de parler «sans langue de bois».

Pour autant, Bénédicte Peyrol a-t-elle pris la mesure du mouvement des Gilets jaunes, qui exprime les difficultés de Français le plus souvent non-imposables, mais qui dénoncent le fardeau des impôts indirects, comme sur les carburants ? Ou faisait-elle allusion aux 75 milliards d'euros (chiffres de 2017) de fraude fiscale ? Pas exactement, semble-t-il. A la question de savoir si le budget de 2019 était encore «écolo», Bénédicte Peyrol s'est dite, avec diplomatie, «extrêmement déçue», mais ajoutant : «C’est un budget qui est encore assez "vert". Il y a une fiscalité écologique concernant les déchets qui est renforcée, ou encore une fiscalité incitative améliorée autour des biocarburants.»

En 2017, en France, les impôts et cotisations ont dépassé pour la première fois les 1 000 milliards d'euros, soit 45 % du produit intérieur brut (PIB).

Paradoxe, le 11 décembre, jour où Emmanuel Macron tentait dans une allocution télévisée de calmer la révolte fiscale des Gilets jaunes, le Sénat votait l'allègement de l'«exit tax», visant à freiner l'évasion fiscale des entrepreneurs. Une mesure proposée, conformément aux souhaits de l'Union européenne, en mai dernier par Emmanuel Macron.

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