France

Philippe veut un débat sur le référendum d'initiative citoyenne, «mais pas sur n'importe quel sujet»

Dans un entretien aux Echos, le Premier ministre a concédé des «erreurs» dans le contexte de la mobilisation des Gilets jaunes, et a annoncé un débat sur le référendum d'initiative citoyenne. Tout en fixant d'emblée quelques limites.

Dans le journal des Echos à paraître le 17 décembre, le Premier ministre Edouard Philippe a annoncé la tenue d'un débat sur le référendum d'initiative citoyenne (RIC), une des principales revendications des Gilets jaunes, qui peut être selon lui un «bon instrument dans une démocratie». Il a néanmoins, d'emblée, fixé des limites à un tel mécanisme.

Le référendum peut être un bon instrument dans une démocratie, mais pas sur n'importe quel sujet ni dans n'importe quelles conditions

«Je ne vois pas comment on peut être contre son principe. Le référendum peut être un bon instrument dans une démocratie, mais pas sur n'importe quel sujet ni dans n'importe quelles conditions. C'est un bon sujet du débat que nous allons organiser partout en France. Comme l'est le vote blanc», a déclaré le chef du gouvernement, dans cet entretien mis en ligne le soir du 16 décembre.

Le RIC prévoit de redonner voix au peuple dans le débat politique, «dans tous les domaines et à tous les niveaux territoriaux, afin que les citoyens puissent avoir le dernier mot pour imposer leurs décisions», selon les termes d'une pétition relayée par des groupes de Gilets jaunes, qui regroupe plus de 100 000 signatures. Dans sa définition la plus large, le RIC permettrait à toute proposition d'un citoyen français – qu'elle soit législative, abrogatoire, révocatoire ou constituante – de faire l'objet d'un référendum national, si tant est qu'elle regroupe un nombre suffisant, qui reste à définir, de signatures de ses compatriotes.

Nous n'avons pas assez écouté les Français

Si le locataire de Matignon accepte de se pencher sur une des revendications actuelles phares des Gilets jaunes, il concède que l'exécutif a commis «des erreurs» dans la gestion de cette crise. «Nous n'avons pas assez écouté les Français. Je reste persuadé qu'ils veulent qu'on transforme ce pays. Je leur dis que leur impatience est la mienne. Nous allons continuer à réparer le pays en les associant davantage», a-t-il assuré. 

La hausse mensuelle de 100 euros net ne concernera pas tous les salariés au Smic 

Détaillant dans Les Echos les différentes mesures annoncées le 10 décembre par Emmanuel Macron, le Premier ministre a également affirmé que le fameux gain de 100 euros net pour les salariés proches du Smic, se concrétiserait par «une hausse massive de la prime d’activité» versée «dès le 5 février pour compléter le salaire de janvier». Cette hausse ne concernera donc pas l'ensemble des salariés touchant un salaire équivalent au Smic, car la prime d'activité tient compte de l'ensemble des revenus du ménage. «Nous allons élargir le nombre de foyers éligibles qui passera de 3,8 millions à 5 millions», s'est-il néanmoins défendu.

«[Cette hausse] permet de tenir compte des éléments de justice sociale, et notamment de l'ensemble des revenus du foyer. Nous avons préféré cette solution à une baisse des cotisations salariales, qui était plus injuste et qui, à ce titre, a déjà été censurée par le Conseil constitutionnel», a-t-il en outre expliqué. 

Et le chef du gouvernement de préciser : «Cette réforme va bien au-delà des personnes qui sont juste au Smic : tous les salariés célibataires sans enfant auront 100 euros de plus jusqu'à 1 560 euros net de revenus. Avec un enfant, une mère célibataire, et elles sont nombreuses sur les ronds-points, pourra percevoir la prime jusqu'à 2 000 euros de salaire. Un couple [avec] deux enfants, dont l'un gagne le Smic et l'autre 1 750 euros, verra ses revenus augmenter de 200 euros.»

La prime d'activité soumise à des conditions très strictes, est reversée actuellement à ceux qui touchent entre 0,5 et 1,2 Smic.

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