Parmi les gestes d'apaisement de la grogne sociale, la possibilité de rétablir l'impôt sur la fortune (ISF), bien que symbolique, pèse lourd. Or Emmanuel Macron a vertement recadré Benjamin Griveaux et Marlène Schiappa qui avaient laissé la porte ouverte à cette hypothèse, lors du conseil des ministres ce 5 décembre. «Nous ne détricoterons rien de ce qui a été fait depuis 18 mois», a-t-il déclaré, selon Les Echos. L'Elysée, cité par l'AFP, a de son côté confirmé que le chef de l'Etat s'était opposé à tout rétablissement de l'ISF.
Ce même jour, avant le conseil des ministres, le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, avait ouvert la porte à une réintroduction de l'ISF, remplacé par un impôt sur la fortune immobilière (IFI). «Si l'évaluation n'est pas la bonne, le sujet pourra être rouvert. Si une mesure qu'on a prise, qui coûte de l'argent public [...] ne fonctionne pas, si quelque chose ne marche pas, on n'est pas idiots, on va le changer », avait-il indiqué sur RTL.
Benjamin Griveaux ne serait toutefois pas le seul à se faire taper sur les doigts par le chef d'Etat. Le 4 décembre sur France 3, la secrétaire d'Etat chargée de l'Egalité entre les femmes et les hommes Marlène Schiappa s'était prononcée, à titre personnel, pour une évaluation de la transformation de l'ISF en IFI.
Réagissant aux propos de Benjamin Griveaux, Marlène Schiappa s'est félicitée de voir, selon elle, le gouvernement s'aligner sur sa proposition... «Si l’évaluation de la transformation de l’ISF ne prouve pas que des capitaux ont été suffisamment réinjectés dans l’économie, le gouvernement le rétablira !», a-t-elle salué.
Face à l'Assemblée nationale, Edouard Philippe a également tenté de faire preuve de souplesse, reprenant les propos de Benjamin Griveaux, et promettant que le gouvernement renoncerait à la hausse des taxes carburant s'il ne trouvait pas les «bonnes solutions». «Aucune taxe ne mérite de mettre en danger la nation», a-t-il encore martelé.
Edouard Philippe avait annoncé la veille un moratoire de six mois sur la hausse de la taxe carbone, un gel des tarifs du gaz et de l'électricité cet hiver et aucun durcissement du contrôle technique automobile avant l'été. Dans le même temps, une vaste concertation conduite au niveau local du 15 décembre au 1er mars doit permettre de dégager des «mesures d'accompagnement justes et efficaces».
Mais ces mesures ont rapidement été jugées insuffisantes par l'opposition. Les Gilets jaunes, eux, envisagent toujours de manifester à nouveau leur colère à Paris le 8 décembre, selon plusieurs appels publiés sur les réseaux sociaux.