283 000 manifestants : c'est l'estimation de la mobilisation des «gilets jaunes» en France communiquée par le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner le 17 novembre en début de soirée. Le même ministre avait, à la mi-journée, affirmé qu'il y avait eu plus de 2 000 rassemblements mobilisant 124 000 personnes contre la baisse du pouvoir d'achat dont la goutte d'essence, faisant déborder le réservoir, a été l'annonce gouvernementale des hausses des taxes sur les carburants. En moyenne, selon cette première estimation officielle, cela faisait 62 manifestants par lieu de contestation. Des chiffres qui avaient surpris, sur les réseaux sociaux, plusieurs hommes politiques opposés au gouvernement.
A droite d'abord, le président du Rassemblement national au Conseil régional de Provence-Alpes-Côte d’Azur Frédéric Boccaletti s'était moqué de cette moyenne par rassemblement, en montrant une photo d'une manifestation aux abords d'un péage à Bandol, comprenant plusieurs dizaines (voire centaines) de personnes. Son message a été retweeté par le compte officiel du Rassemblement national.
A gauche, le leader de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon avait publié des photos de Lille et de Strasbourg, dévoilant des foules garnies, en déplorant que «les chiffres de participation annoncés ne tiennent pas la route».
Dans un autre tweet, le député des Bouches-du-Rhône avait également demandé aux internautes de publier les photos des autres rassemblements afin de contredire les chiffres gouvernementaux. «Les Français découvrent par millions la manipulation des chiffres de participation et la dramatisation à laquelle se livre le pouvoir à chaque occasion», a-t-il ajouté.
Plus tôt le matin, après publication des premiers chiffres du ministère, Christophe Castaner avait annoncé une mobilisation de 50 000 personnes en France. Le député du Loir-et-Cher Les Républicains (LR) Guillaume Peltier avait dejà critiqué cette annonce auprès de l'AFP : «Décidément, à l’exception des impôts pour les classes moyennes, ce gouvernement ne sait pas compter. Ce n’est pas en minimisant l’immense colère populaire qu’Emmanuel Macron va réduire le fossé grandissant entre les Français et leurs dirigeants.»
Droite et gauche réunis sous la bannière des «gilets jaunes»
Les «gilets jaunes» ont reçu le soutien de la plupart des oppositions politiques. Jean-Luc Mélenchon, très actif sur les réseaux sociaux ce 17 novembre, s'est rendu en personne à un rassemblement place de la Concorde à Paris. Le Rassemblement national ou certains élus LR ont eux aussi affiché leur soutien au mouvement. Par exemple, le président du parti LR et de la Région Auvergne-Rhône-Alpes Laurent Wauquiez a soutenu les «gilets jaunes» dans son fief du Puy-en-Velay, expliquant que ce mouvement avait «le droit d'avoir le soutien de tous les élus». Florian Philippot, des Patriotes, était lui aussi mobilisé sur le terrain.
Olivier Faure, Premier secrétaire du PS, a pour sa part souhaité sur France Info «que cette mobilisation permette une prise de conscience et que le gouvernement entende ce que les Français ont à lui dire».
Plus mesuré, l'ancien candidat socialiste à la présidentielle et fondateur du mouvement Génération.s Benoît Hamon s'est montré sceptique sur les rassemblements : «Face à la multiplication d’incidents, dont certains graves, j’appelle l’ensemble des manifestants, mais aussi des automobilistes et des forces de l’ordre à revenir au plus grand calme [...] La priorité est de revenir au calme puis de poser les fondations d'une véritable transition écologique attentive à la révolte sincère contre l'injustice fiscale et sociale qu'expriment les Français.»
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