France

Le mépris de Griveaux pour les «gars qui fument des clopes et roulent au diesel» fait réagir

La petite phrase du porte-parole du gouvernement, qualifiant Laurent Wauquiez de «candidat des gars qui fument des clopes et qui roulent au diesel», a beaucoup fait réagir. Politiques, commentateurs et internautes ont dénoncé une forme de mépris.

Après l'annonce de la hausse du prix du carburant dans le projet de loi de finances 2019, Laurent Wauquiez, le président des Républicains (LR), a proposé à l'exécutif de mettre en place un «tickets-carburant», sur le modèle des tickets-restaurant, qui permettrait de financer un plein de 50 euros par salarié et par mois. Cette proposition n'a visiblement pas plu au porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, qui a déclaré, selon le Journal du Dimanche : «Son ticket carburant, c'est de la subvention à la pollution. Wauquiez, c'est le candidat des gars qui fument des clopes et qui roulent au diesel. Ça n'est pas la France du XXIe siècle que nous voulons.»

Cette réflexion condescendante vis-à-vis des fumeurs et utilisateurs de voitures diesel, n'a pas manqué de faire réagir.

Interrogé sur BFMTV, le chef de file des Républicains a estimé que que «cette phrase [de Benjamin Griveaux] résum[ait] tout le mépris qu'il peut y avoir dans ce gouvernement par rapport aux Français».

Cette forme de mépris pour certaines catégories de la population, souvent reprochée au président de la République et à La République en marche (LREM), est également dénoncé ce 3 octobre par le patron des députés LR, Christian Jacob. L'élu de droite a appelé le gouvernement «à sortir de sa bulle», à ne plus considérer les automobilistes qui roulent au gasoil comme «des pestiférés» et à renoncer à une nouvelle augmentation de ce carburant en janvier, fustigeant au passage «le mépris et la condescendance» du gouvernement.

Mais Benjamin Griveaux a assumé sa sortie. Sur son compte Twitter, il a écrit : «Tabac = 73 000 morts par an. Pollution aux particules fines = 48 000 morts par an. Le vrai mépris, c’est de dire aux Français qu’on continue en fermant les yeux», tout en demandant à Laurent Wauquiez «un peu de courage».

«La réaction typique d’un bobo des grandes villes» ?

Pour Eric Leser, ancien chef de service au pôle économie du journal Le Monde et auteur du livre Automobile, France d'en haut contre France d'en bas aux éditions Eyrolles, la phrase de Benjamin Griveaux ressemble à «la réaction typique d’un bobo des grandes villes». Selon cet observateur, interviewé par le magazine Challenges, le gouvernement est train d'ajouter «une fracture automobile à la fracture territoriale». Comme un certain nombre de commentateurs, il estime qu'en taxant fortement le diesel, «on s'en prend à la partie de la population qui ne peut pas se passer de son véhicule». Selon les chiffres qu'il avance, les Français se déplacent majoritairement en voiture et «le diesel représente 60% du parc automobile français». De plus, en dehors de l'Ile-de-France, ce spécialiste assure que seuls 7% des Français prennent les transports en commun pour se rendre au travail. Eric Leser rapporte également qu'on a longtemps incité les Français à acheter du diesel car les voitures roulant à ce carburant consommaient moins, tandis qu'on les taxe à présent sur ce même carburant au motif qu'il est polluant.

Sur les réseaux sociaux et sur Twitter en particulier, nombre d'internautes ont signifié leur indignation concernant la sortie du porte-parole du gouvernement.

Deux internautes ont en outre relayé avec ironie une photographie de Benjamin Griveaux en train de consommer une cigarette, prise par l'agence Reuters et datant du 22 janvier dernier...

L'idée de Laurent Wauquiez de créer des chèques carburant défiscalisés, est en outre défendue par certains députés de la majorité présidentielle, afin d'aider les ménages des zones rurales et périurbaines.

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