«Les candidats de The Voice font le choix de participer à l’émission. Là, on parle de personnes qui sont au chômage, parfois depuis longtemps. Trouver un travail c’est une nécessité. Pas un jeu», un des employés de l'agence Pôle emploi interrogés par le site Streetpress semble atterré par la nouvelle tendance de son employeur : utiliser des mises en scène reprenant les codes d'émissions de télé-crochet et d'aventure telles que The Voice, Pékin express, Top chef et La Chasse au trésor. «Totalement avilissant», ajoute-t-il.
Selon l'enquête minutieuse du média en ligne, publiée le 17 octobre photos à l'appui, les candidats se retrouvent dans les conditions de l'émission de télévision, debout, face à trois recruteurs qui leur tournent le dos, assis dans des fauteuils rouges. Le candidat répond aux questions et si un des employeurs aime ce qu'il entend, il se retourne pour presser son buzzer. C'est ainsi qu'a procédé une agence Pôle emploi des Hauts-de-France.
C’est totalement avilissant
Un des agents interrogés sur place s'étrangle : «C'est vraiment humiliant !» C'est ce lanceur d'alerte qui a contacté Streetpress et qui a mené l'enquête en interne. Selon ses recherches, au moins huit agences ont récemment procédé de façon similaire à travers la France. Des documents internes détaillent même les conditions de la mise en scène et dévoilent les postes à la clef : ouvrier abattoir, soudeur, cariste, maçon... Pas nécessairement des profils compatibles avec les candidats de The Voice.
Un responsable du Mouvement national des chômeurs et précaires s'indigne : «C’est les jeux du cirque, c’est totalement avilissant de mettre un demandeur d’emploi dans cette situation. [...] Comme si un emploi était un cadeau, une sorte de don que devraient arracher les demandeurs.»
Trouver un travail c’est une nécessité. Pas un jeu
Alors que plusieurs fonctionnaires auraient fait part de leur gêne vis-à-vis de ce nouveau dispositif auprès de leur hiérarchie, la direction de Pôle emploi a seulement répondu sur la forme. Pour éviter tout contentieux avec ces émissions, elle leur a recommandé de ne plus utiliser leurs codes visuels... Sur le fond, rien. Pire, jointe par Streetpress, la hiérarchie se félicite de ce programme nommé «Idées innovations» et affirme : «Les retours que nous avons sont plutôt positifs.»