Alors que le théologien, incarcéré depuis février 2018 pour deux viols présumés nie tout rapport sexuel avec les deux plaignantes, des éléments analysés par des experts informatiques remettent en question sa version.
A la lumière de cette expertise, les juges d'instruction ont fait valoir l'argument des mensonges de Tariq Ramadan pour justifier le rejet de sa troisième demande de remise en liberté. Le juge des libertés et de la détention dispose désormais de trois jours pour statuer.
Un rapport accablant pour Tariq Ramadan
Le rapport d'expertise de 82 pages, que le quotidien Le Monde a pu consulter, passe en revue les données récoltées dans l'ordinateur de Tariq Ramadan, son téléphone et celui de sa deuxième victime supposée Christelle (nom d’emprunt), un modèle LG KS360. L’islamologue a été confronté le 18 septembre à cette quadragénaire, qui l’accuse de l’avoir violée avec une grande brutalité le 9 octobre 2009 dans un hôtel Hilton de Lyon. L’accusé avait continué à nier toute relation sexuelle avec elle, n’évoquant d’un simple flirt virtuel suivi d’un simple café sans aucune intimité.
J'étais sous ma douche, ma douce chienne
Mais selon Le Monde, les experts informatique ont retrouvé des traces de 399 sms échangés entre août et décembre 2009. Certains en particulier, envoyés le jour du viol, mettraient à mal la stratégie de défense de l'islamologue. Ils tendraient à prouver l'existence de la planification d'un rendez-vous intime et la survenue d’un incident grave.
Le prédicateur aurait écrit : «Alors, alors… tu viendras, tu es prête. Je devrai t’attendre en bas car il faut une carte pour monter dans l’ascenseur. À quelle heure ?», puis «J'étais sous ma douche, ma douce chienne.»
D'autres messages tout aussi accablants datant des 10 et 11 octobre 2009 auraient été exhumés. Tariq Ramadan y demanderait des excuses à la suite de la nuit fatidique : «J’ai senti ta gêne… désolé pour ma "violence". J’ai aimé… Tu veux encore ? Pas déçue ?» Ces derniers messages ont été stockés sur le téléphone de la quadragénaire, qui les avait déjà montrés à la presse : les experts les ont authentifiés dans leur rapport.
Les révélations issues de cette expertise ne vont pas arranger les affaires du prédicateur pour qui les soucis judiciaires s’accumulent. En Suisse, une quatrième femme l’accuse de viol. Le parquet a décidé d'ouvrir une enquête criminelle formelle. Les faits se seraient produits dans un hôtel de Genève en 2008, selon le porte-parole du ministère public Henri Della Casa, cité par le journal helvète La Tribune de Genève.
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