L'élue des Hauts-de-Seine Frédérique Dumas avait participé à la campagne d’Emmanuel Macron et accédé à l'Assemblée sous la bannière du parti présidentiel, mais elle confesse aujourd'hui ne plus se reconnaître dans l'action du gouvernement et, surtout, remet en cause la façon de diriger du président de la République. Dans Le Parisien publié le 16 septembre, elle annonce sa sortie du groupe majoritaire : elle préfère «faire des propositions de l’extérieur» depuis les rangs de sa famille antérieure, l'UDI.
Dans une interview sans tabous, Frédérique Dumas livre les coulisses du groupe LREM, qu'elle estime verrouillé par des «technocrates hors-sol, voire cyniques» et elle assène : «Donner un avis est vu comme une fronde s’il n’est pas conforme.» L'avenir pour les députés de la république en marche, selon elle ? «On a le sentiment d’être sur le Titanic.»
Pour ce qui est du grand élan empreint de modernité et d'innovation annoncé par le gouvernement en 2017 et propre au «nouveau monde», la députée n'est pas plus confiante, elle résume : «Certaines décisions se réduisent à des coupes budgétaires. Il n’y a pas d’ambition, pas de sens.»
Emmanuel Macron a-t-il changé ? S'enquiert Le Parisien. L'élue en charge de la réforme de l'audiovisuel public avoue notamment qu'elle est gênée par l'affaire Benalla : «Si on voit l’écart, c’est forcément que quelque chose a bougé. [...] Un an après, il y a des accrocs importants dans notre exigence. [...] J’ai soutenu le président dès le départ [dans l'affaire Benalla]. Le "j’assume" m’a plu. Puis, on est passé à "c’est une tempête dans un verre d’eau". C’est incroyable ! [...] Ce que dit Alexandre Benalla des sénateurs montre qu’il a encore une forme d’impunité.»
Elle reconnaît également sa gêne vis-à-vis de la procédure judiciaire en cours à l'encontre de Richard Ferrand, la nomination de Philippe Besson au consulat de Los Angeles, le traitement favorable réservé à Agnès Saal et la position difficile du ministre de la Culture, Françoise Nyssen.
Lors du vote sur la loi Asile et immigration à l'Assemblée en avril, le député Jean-Michel Clément, avait annoncé son départ du groupe après avoir voté contre cette mesure voulue par le gouvernement. Les démissions sont rares dans la famille majoritaire... Faut-il s'attendre à un effet domino ? Affaire à suivre.