«Le nouveau monde», cher à Emmanuel Macron et aux macronistes, est-il hostile aux institutions quand elles lui déplaisent ? Vexés que les tentatives d'influence du président, de la garde des Sceaux Nicole Belloubet ou celles d'Alexandre Benalla n'aient pu aboutir à l'annulation de l'audition de ce dernier, les sénateurs de La République en marche ont décidé de boycotter l'audition du 19 septembre.
En colère, les sénateurs macronistes ont ainsi répliqué par la voie de François Patriat, chef de file des sénateurs de La République en marche (LREM), qui a transmis un communiqué à l'AFP : «Les sénateurs de La République en Marche n’assisteront pas à l’audition de Benalla.» «On ne va pas s'associer à cette mascarade, le Sénat a d'autres sujets de préoccupation que l'affaire Benalla», a ajouté François Patriat sur France info.
Les quatre marcheurs qui pouvaient de fait siéger, auraient-ils préféré voir la commission d'enquête du Sénat finir comme celle de l'Assemblée nationale, c'est-à-dire torpillée ? Contrairement à la chambre basse, la commission d'enquête du Sénat n'est pas présidée par un membre de la majorité gouvernementale mais bien par un parlementaire des Républicains, Philippe Bas. Celui-ci s'est montré tenace, tout comme le président de la chambre haute, Gérard Larcher, qui aurait récemment reçu un appel d'Emmanuel Macron. Le chef de l'Etat lui aurait dit tout ce qu'il pensait de l'audition du conseiller du président dont on a récemment appris qu'il aurait eu également la «responsabilité de la mise en place d'une boutique en ligne» de l'Elysée.
En tout cas, l'audition d'Alexandre Benalla cristallise les tensions entre la Haute Assemblée et l'exécutif qui accuse les sénateurs d'empiéter sur l'enquête judiciaire.
La commission, sans les macronistes, tentera tout de même le 19 septembre de comprendre, à travers l'audition d'Alexandre Benalla, quelles étaient précisément les fonctions à la présidence de la République du jeune homme mis en examen pour violences sur un manifestant le 1er mai.
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