Handicapé par la saisie de 2 millions d'euros d'aides publiques ordonnée dans l'enquête sur ses assistants présumés fictifs au Parlement européen, le Rassemblement national (RN, ex-Front national) est à la peine. Baisse du nombre d'adhérents, scission provoquée par Florian Philippot... Le parti de Marine Le Pen a même dû renoncer à organiser son université d'été, qui sera remplacée par une modeste «formation aux élus».
Jean-Lin Capelle, vice-président du groupe RN au Conseil régional d’Ile-de-France, a annoncé la nouvelle au Point en l'expliquant par «des raisons de moyens». A la suite d'une forte chute du nombre d'adhérents, engendrant de manière logique des recettes moindres par manque de cotisations, le parti de Marine Le Pen doit maîtriser ses dépenses. «Si nous ne voulons pas mettre la clé sous la porte tout de suite», ajoute Jean-Lin Capelle. En effet, au 1er juin, le RN comptait quelque 31 000 adhérents, loin des 83 000 affichés lors de la dernière élection présidentielle.
A cela s'ajoute une autre difficulté financière de poids : le gel de 2 millions d'euros de subventions décidé par les juges d’instruction Claire Thépaut et Renaud Van Ruymbeke. Ils enquêtent depuis 2016 sur un éventuel «système organisé» visant à faire rétribuer des salariés du parti par le Parlement européen grâce à des contrats d’assistants parlementaires présumés fictifs. Si Marine Le Pen dénonce un «coup d'Etat des juges» et que les avocats du RN contestent la légalité de cette saisie, les conséquences demeurent bien réelles pour le parti qui doit désormais «serrer les dents».
De mauvais augures à neuf mois des européennes ?
Malgré les 9 000 donateurs qui ont déboursé 500 000 euros dans le cadre de l'appel aux dons lancé par le RN, ce dernier est encore loin du compte. «Cela va permettre au parti de vivre quelques jours de plus, mais pas quelques mois, c'est loin d'être suffisant», s’inquiète Jean-Lin Capelle au Point.
L'élu avance une autre explication aux difficultés financières ayant conduit à l'annulation de son université d'été. Il pointe du doigt un «énorme handicap technique bancaire» qui aurait bloqué pendant quatre mois les adhésions en ligne par cartes de crédit. Selon lui, le nombre d'adhérents augmenterait de manière continue depuis le congrès de mars et le changement de nom du parti. Si elle se veut rassurante, cette explication semble toutefois légèrement contredire la déclaration de Marine Le Pen qui admettait, en avril, que le parti avait perdu 6 000 encartés.
Autre symptôme des difficultés traversées par le parti : la «formation aux élus» aura lieu cette année à Fréjus et non plus, comme à l'accoutumée, à Brachay, dont le maire a récemment claqué la porte du RN pour rejoindre les Patriotes de Florian Philippot. La ville de David Rachline accueillera donc un événement considérablement réduit, le traditionnel meeting en plein air ayant été remplacé, selon Le Figaro, par un discours dans le théâtre municipal local, d'une capacité de 800 personnes.
L'absence d'université d'été en bonne et due forme n'a pas qu'un impact symbolique pour le parti de Marine Le Pen. L'événement offre d'habitude une bonne occasion de motiver les troupes à la rentrée, particulièrement à l'aube d'une période électorale. Alors que les élections européennes ont lieu dans neuf mois, le RN n'a plus beaucoup de temps pour mobiliser militants et électeurs afin de renouer une dynamique au moins égale à celle qui l'avait porté en 2014, lorsque le parti était arrivé devant tous ses adversaires avec près de 25% des voix.
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