Les juges financiers parisiens, qui enquêtent sur l'affaire des assistants présumés fictifs de députés européens Front national (FN désormais Rassemblement national, RN), ont demandé, dans une ordonnance datée du 28 juin, «la saisie pénale d'unesomme destinée au Front national au titre de l'aide publique apportée aux partis pour un montant de deux millions d'euros», a confié à l'AFP une source proche du dossier, confirmant une information de RMC. Le Parlement européen estime son préjudice dans cette affaire à 7 millions d'euros, sur la période 2009-2017.
«En confisquant notre dotation publique sans jugement sur cette pseudo affaire des assistants, les juges d'instruction nous appliquent la peine de mort "à titre conservatoire"», a estimé sur Twitter la présidente du RN, Marine Le Pen, qui va faire appel de cette décision.
Mais comme l'appel n'est pas suspensif, «dès lundi [9 juillet], le RN ne pourra plus mettre en œuvre aucune activité politique [et il sera] mort à la fin du mois d'août», selon Marine Le Pen, qui donnera une conférence de presse à ce sujet le 9 juillet.
La présidente du parti a également écrit une lettre ouverte à ses adhérents, les appelant à se «lever [contre] une dictature qui veut tuer le premier parti d'opposition.»
Pour Marine Le Pen, «le caractère politique de l'initiative ne fait aucun doute, puisque l'un des deux juges est membre du Syndicat de la magistrature», classé à gauche, «et l'autre est un de ses compagnons de route».
Elle ajoute : «Le RN se voit appliquer une exécution d'une peine qui n'a pas été prononcée dans une affaire qui n'est pas encore jugée, mais qui est au stade de l'instruction. Cela est d'autant plus choquant que les faits sont formellement contestés.»
Le RN devait recevoir le 9 juillet, comme d'autres partis politiques, la moitié de l'aide publique à laquelle il a droit en vertu de ses résultats aux législatives de 2017 et dont le versement a pris du retard. Selon le RN, un total d'environ 4,5 millions d'euros doit encore lui être versé .
Les juges s'intéressent à un possible «système» organisé
Dix personnes ou entités sont mises en examen à ce jour dans cette affaire des assistants présumés fictifs d'eurodéputés. Le FN en tant que personne morale et neuf assistants ou eurodéputés, dont Marine Le Pen, sont poursuivis.
Les juges d'instruction enquêtent sur un possible «système» qui aurait été organisé par le parti pour rémunérer des permanents de la formation politique avec les fonds européens réservés à l'embauche d'assistants parlementaires.
Marine Le Pen est notamment soupçonnée d'avoir «donné des instructions» afin que des eurodéputés engagent comme assistants des personnes «occupant en réalité des emplois» au FN, selon les termes de sa mise en examen intervenue le 30 juin 2017, d'après une source proche du dossier.
Mais pour la dirigeante du RN, il s'agit d'un «dossier vide» où les personnes mises en cause «ont toujours contesté les faits.»