Jean-Marie Le Pen, qui a connu quelques soucis de santé dans l'année, soigné en juin pour «une attaque bactérienne sévère, avec un risque de septicémie», a livré une interview au quotidien Le Parisien, le 25 juillet, qui a été publiée le lendemain.
L'occasion pour le cofondateur du Front national de s'exprimer sur les affres de l'âge qu'il envisage sereinement à 90 ans, de sa réconciliation avec ses filles et sur le gouvernement actuel pris dans l'affaire Benalla... Envisagerait-il même un retour ? Il ne l'exclut pas.
Interrogé sur les effets délétères de la canicule, le vieux lion ironise : «Dans ce bureau, il fait 36 °C. Et vous voyez, je résiste ! Finalement, il n’y a pas besoin d’aller en Afrique, c’est l’Afrique qui vient à nous, sous toutes ses formes… y compris climatiques.»
Pas impressionné par la chaleur, Jean-Marie Le Pen reste par ailleurs résolument optimiste quand à l'éventualité de sa propre disparition : «De ce côté-là, pas d’angoisse. Je serai peut-être centenaire !»
Pourtant, lorsqu'on le questionne à propos de sa brouille avec ses filles Marine et Caroline, l'ancien candidat malheureux à l'élection présidentielle qui a vu son mouvement devenir, à son grand dam, le Rassemblement national confesse quelque regret : «Je pense que la brouille que j’ai eue avec Marine l’a empêchée d’arriver en tête de l’élection présidentielle. Alors, s’il y a une chance de réparer cette erreur de parcours, c’est maintenant ! Car le temps presse pour la France.»
Finalement, il n’y a pas besoin d’aller en Afrique, c’est l’Afrique qui vient à nous, sous toutes ses formes… y compris climatiques
Reprenant toute sa fougue lorsque la question lui est posée de savoir ce qu'il pense de l'affaire Benalla, Jean-Marie Le Pen s'offre un bon mot et s'amuse : «Macron est comme ces gens en pleine forme physique, décontractés, qui marchent sur une peau de banane et tombent sur le cul. C’est l’inconvénient quand on est monté un peu trop haut. Quand ça descend, ça descend rapidement…» Il va même jusqu'à qualifier le gouvernement d'«autoritaire» ou du moins, se corrige-t-il, d'un «régime personnel». Et de pronostiquer : «Il est probable que cette affaire Benalla dure, on va encore apprendre des choses. Ce scandale d’Etat va être le roman de l’été. Les gens vont se distraire avec ça.»
Le journaliste siffle la fin de la récréation et revient aux troubles qui ont agité le parti de sa fille. A propos du Rassemblement national, le cofondateur du FN rappelle qu'il était contre l'abandon de l'ancien nom et de la manifestation du 1er mai en l'honneur de Jeanne d'Arc. Mais il espère un rassemblement commun en 2019... Car Jean-Marie Le Pen reste plein d'espoir pour l'avenir : «Pourriez-vous être à nouveau candidat, à presque 91 ans ?», l'interroge le journaliste... Alors, la figure historique de l'opposition nationale continue à faire des blagues : «Qui sait ? Attendez ! Je regarde ma boule de cristal sur la table (NDLR : il pose ses mains dessus, puis un long silence). Elle ne me dit rien pour l’instant. Mais je ne m’en sens pas incapable du tout. Je marche peut-être moins bien avec mes jambes, mais pas avec ma tête. On verra quand la question se posera.»