«J’ai été heureux de sa venue. Malgré nos différends politiques, elle reste ma fille», a reconnu Jean-Marie le Pen au sujet de la visite de Marine Le Pen alors qu’il était hospitalisé pour une grippe en avril. L'homme était depuis 2016 en conflit avec sa fille, à qui il ne s’adressait plus que par avocats interposés. Cette trêve semble interrompre une longue série de disputes souvent liées aux propos révisionnistes du créateur du Front national, qui ont atteint leur acmé quand Marine Le Pen a organisé l’exclusion de son père de son propre parti en 2015. Le menhir l’avait traitée à l'époque de «dominatrice» et de «paranoïaque».
Malgré nos différends politiques, elle reste ma fille
L’âge semble avoir infléchi le chef déchu, dont le clan a toujours été agité de soubresauts relationnels. «Nous avons passé un moment plaisant. Je l’ai même trouvée en beauté. Elle est venue avec Mathilde et Jehanne, ses deux filles, et Nolwenn, la fille de Marie-Caroline», a-t-il confié à au magazine Paris Match.
Hospitalisé durant 11 jours pour une grippe, Jean-Marie le Pen a réintégré sa demeure de Montretout le 23 juin. Diminué, au régime, il s’attelle néanmoins aux préparatifs de son 90e anniversaire, le 30 juin, pour lequel il a invité toute sa famille, y compris sa fille Marie-Caroline qu’il n’a pas vu depuis plus de 20 ans, à cause d’un «fort contentieux», et dont il se refusait à prononcer jusqu'au nom. Celle qui s’est rapproché de Marine Le Pen durant sa campagne, après s’être écartée de la famille, assistera-t-elle à l’anniversaire du patriarche ? Selon l’hebdomadaire, le doyen de la famille divisée au destin tumultueux espère qu’elle viendra «avec son mari et ses sœurs ».
Je suis à l’âge des indulgences
Comment expliquer cette subite largeur de vue ? L’entrée dans l’hiver de son existence ? «Que voulez-vous… Je suis à l’âge des indulgences. J’ai le sentiment de la fuite du temps. Je rame contre le courant mais je sais qu’il finira par m’entraîner vers les rapides», avoue-t-il. Réputé pour son intransigeance, l'homme se laisse même aller au sentimentalisme : «J’avais un personnage à défendre. Je m’interdisais de baisser la garde. Aujourd’hui, j’ai en tête ces vers de Victor Hugo : "Lorsque l’enfant paraît, le cercle de famille applaudit…"»
J’avais un personnage à défendre
Il a aussi des mots encourageants, teintés de mansuétude, pour sa petite-fille Marion Maréchal : «Elle fait de la politique sans en faire tout en en faisant. Elle a choisi un autre chemin que la voie royale que j’avais tracée pour elle. Rien d’étonnant finalement. Les filles Le Pen sont très indépendantes ! Mais dans quel état sera la France lorsqu'elle décidera de revenir à la politique ? Car elle y reviendra. Je n’ai aucun doute.»
Il y a un an seulement, il n’hésitait pas à la comparer à une prostituée. Fin juin 2017, sur le plateau télévisé de l’émission de Zemmour et Naulleau sur la chaîne Paris Première. «Elle se met en réserve de la vie politique pour mieux revenir», avait suggéré la journaliste. «Où ça ? Dans le bois de Boulogne ?», avait rétorqué Jean-Marie Le Pen. Les années vénérables semblent avoir assagi l’aïeul vitupérant.