Les syndicats policiers auditionnés ce 24 juillet par la commission d'enquête du Sénat sur l'affaire Benalla et qui ont dénoncé «la confusion des rôles, l'ambiguïté des fonctions» de l'ex-collaborateur du chef de l’Etat et décrit les «relations exécrables» qu'il pouvait entretenir avec les forces de l'ordre, seront reçus la semaine du 30 juillet par le ministre de l'Intérieur. «Je leur demanderai s'ils ont eu des problèmes avec monsieur Benalla et je leur demanderai pourquoi ils ne m'en ont pas parlé avant», avait expliqué Gérard Collomb ce 24 juillet devant la commission d'enquête du Sénat.
«La confusion des rôles, des missions, l'ambiguïté des fonctions de monsieur Benalla, nous posent de graves problèmes, notamment sur la lisibilité des instructions qu'il pouvait donner à nos collègues», s'était ému plus tôt dans la journée Olivier Boisteaux, président du syndicat indépendant des commissaires de police devant les sénateurs.
La confusion des rôles, des missions, l'ambiguïté des fonctions de monsieur Benalla, nous posent de graves problèmes
«Il venait très souvent sur les services d'ordre, pour des debriefings. Les cadres de la préfecture de police le connaissaient comme une autorité», a également assuré David Le Bars, secrétaire général du syndicat des commissaires de la police nationale. «Tout commissaire que vous êtes : c'est le conseiller du président de la République...», a-t-il ajouté.
Les cadres de la préfecture de police le connaissaient comme une autorité
Selon Fabien Vanhemelryck, secrétaire général adjoint du syndicat de gardiens de la paix, Alliance, les relations entre Alexandre Benalla et les fonctionnaires de police sur le terrain «étaient exécrables». «Il se comportait comme un cador. Il a été vu sur plusieurs opérations, plusieurs debriefings et plusieurs voyages présidentiels», a souligné le secrétaire général du syndicat des cadres de la sécurité intérieure, Jean-Marc Bailleul.
Il se comportait comme un cador
Au retour des Bleus, après leur victoire en finale de la Coupe du Monde, à Roissy le 16 juillet, Alexandre Benalla aurait eu un comportement «autoritaire et déplacé» avec les gendarmes mais aussi avec les fonctionnaires de la police aux frontières, selon David Le Bars qui relève également sa présence lors de l'entrée au Panthéon de Simone Veil, le 1er juillet. Selon le secrétaire général d'Unité-SGP, Yves Lefebvre, «Monsieur Benalla faisait régner la terreur au sein du GSPR (groupe de sécurité de la présidence de la République). Il allait jusqu'à l'insulte à l'égard des gradés et gardiens de la paix». «Pourquoi avec le GSPR, prendre un conseiller "sécurité" ?» interroge Jean-Marc Bailleul.
Monsieur Benalla faisait régner la terreur au sein du GSPR. Il allait jusqu'à l'insulte à l'égard des gradés et gardiens de la paix
«Est-ce qu'il y a une défiance de la présidence de la République à l'égard des gens qui sont chargés de la sécurité du président de la République ?», s'interroge aussi Olivier Boisteaux. «Il faut que ce soit des fonctionnaires de police ou des personnels de gendarmerie qui puissent exercer la mission régalienne qui consiste à protéger nos chefs», insiste David Le Bars. «J'ai rencontré beaucoup de syndicats de police, de commissaires, personne ne m'a jamais fait remonter les problèmes», avait répondu le ministre de l'Intérieur qui a réaffirmé qu'il pensait que Alexandre Benalla, au centre d'une tempête politique, était «un policier».