Deux ans après la mort d'Adama Traoré survenue le 19 juillet 2016 lors de son interpellation par des gendarmes du Val-d'Oise, et alors que l'enquête piétine, sa famille organise ce 21 juillet une marche, soutenue par plusieurs partis de gauche, pour dénoncer la «lenteur» de l'investigation.
Environ 2 000 personnes sont attendues à partir de 14h à Beaumont-sur-Oise, petite ville de banlieue nord parisienne où Adama Traoré est mort le jour de ses 24 ans. La nouvelle de sa mort avait entraîné cinq nuits d'émeutes à Beaumont et dans les environs. Comme en 2017, le cortège fera halte devant la caserne de la ville voisine de Persan, où son décès a été constaté à 19h05, deux heures après son interpellation.
Le dossier d'Adama Traoré a été dépaysé à Paris et confié à un juge d'instruction. La famille réclame la mise en examen des gendarmes. La conclusion de l'expertise médicale qui doit permettre d'identifier les causes du décès d'Adama, demandée par la juge en janvier 2018 et repoussée à plusieurs reprises, est pour le moment fixée au 30 septembre 2018. Pour Assa Traoré, la sœur d'Adama, devenue une militante très active contre les violences policières, cela revient «à étouffer l'affaire avec le temps».
Interrogée par RT France avant la manifestation, Assa Traoré, dénonce «un déni de justice» et une «volonté d'étouffer l'affaire» de la mort de son frère.
En juillet 2017, une contre-expertise avait confirmé un décès par asphyxie, en lien avec plusieurs fragilités antérieures, notamment une anomalie cardiaque et une maladie inflammatoire. Sans permettre de résoudre l'inconnue au cœur de l'affaire : la méthode d'interpellation des gendarmes - le placage ventral - est-elle en cause ?
Au-delà de l'hommage, la marche vise à maintenir la pression sur les autorités. «Tournée des quartiers populaires», appel à la «convergence des luttes» : Assa Traoré n'a pas ménagé sa peine pour rallier un maximum de soutiens au-delà des cercles habituels (NPA, ultragauche, militants antiracistes). Le groupe parlementaire de La France insoumise a appelé à «rejoindre massivement» la manifestation à laquelle participera aussi le PCF, Génération.s ou encore le responsable d'EELV, David Cormand. Benoît Hamon est également présent à la manifestation.
Le comité de soutien a réussi à enrôler les «héros» Lassana Bathily et Mamoudou Gassama, mais a regretté, dans un communiqué, l'absence des joueurs de l'équipe de France dont aucun «n'a fait la moindre déclaration pour rendre hommage à ces jeunes des quartiers populaires, ces jeunes qui leur ressemblent tant, et qui meurent entre les mains de la police ou de la gendarmerie».
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