Le 6 juillet, le tribunal de Bobigny a condamné Jawad Bendaoud, à huit mois de prison pour des injures envers des policiers à Saint-Denis. Une peine qui a été remplacée par une obligation de port du bracelet électronique.
Le tribunal a précisé qu'il allait toutefois aller en prison pendant cinq jours, le temps que la surveillance électronique soit mise en place. Le parquet avait requis six mois de prison ferme avec placement en détention.
La présidente a expliqué que le tribunal avait voulu le «sanctionner» sans le «renvoyer en prison pour essayer de casser cette spirale».
Détenu 27 mois à l'isolement avant d'être relaxé en février dans le dossier du 13 Novembre, habitué des tribunaux et des coups d'éclat, Jawad Bendaoud a accueilli ce jugement avec un mélange de soulagement et d'appréhension. «Même en cellule pour cinq jours, je vais péter les plombs», a pesté l'homme de 31 ans, barbe soignée et t-shirt rose.
Son avocat Xavier Nogueras s'est dit «satisfait» qu'il «évite une détention extrêmement néfaste dans l'état psychologique dans lequel il se trouve», estimant que l'issue pour lui était «médicale et non carcérale». «Vous devez voir un psychiatre dans les plus brefs délais», a aussi souligné la présidente.
Jawad Bendaoud était jugé en comparution immédiate pour outrages à deux policiers et usage de stupéfiants le 4 juillet à Saint-Denis. La scène a eu lieu rue du Corbillon, celle-là même où il avait fourni un squat aux djihadistes. Alors qu'un vendeur de crack était interpellé, il est intervenu, a commencé à filmer, haranguer les passants et fini par insulter copieusement les fonctionnaires – ce qu'il a continué à faire pendant sa garde à vue.
A l'audience, il a présenté ses excuses aux deux gardien de la paix, expliquant qu'il avait «perdu les pédales» après avoir soi-disant été traité par un autre policier de «grosse merde».
«J'ai merdé, Madame», a-t-il déclaré à la juge, se disant «déréglé» depuis sa sortie de prison «en 15 minutes», après 27 mois à l'isolement.
Il a rappelé qu'il avait fait une «crise de démence» il y a quelques semaines et «tout cassé» dans son logement actuel à Saint-Denis. Dans Libération, le 12 avril, il estimait sa vie «foutue».
Jawad Bendaoud avait accédé à la notoriété le 18 novembre 2015 quand il s'était maladroitement défendu devant les caméras de télévision, quelques jours après les attentats de Paris et de Saint-Denis. Il a été relaxé en février du chef de «recel de malfaiteurs terroristes» par le tribunal correctionnel de Paris. Il sera rejugé à partir du 21 novembre : le parquet, qui avait requis quatre ans de prison ferme à son encontre, a en effet fait appel.