France

Réélection à la mairie de Paris : les épines dans le pied d'Anne Hidalgo

Les municipales à Paris n'ont lieu qu'en 2020 mais ça se bouscule déjà pour chasser l'actuelle maire socialiste de Paris. De la prolifération des rats au fiasco de Vélib', Anne Hidalgo devra se défendre sur de nombreux sujets.

La République en marche est déjà dans les starting-blocks pour prendre, en 2020, la mairie de Paris –objet possible de convoitise pour Benjamin Griveaux, Mounir Mahjoubi voire pour le Macron-compatible Pierre-Yves Bournazel. Mais l'actuelle édile socialiste, Anne Hidalgo, n'a pas dit son dernier mot. Elle devra toutefois s'extirper de certains sujets extrêmement délicats...

La propreté : Paris en plein cafard

Anne Hidalgo n'arrive pas à faire taire l’accusation lancinante «Paris ville sale». Les discours sont pourtant bel et bien là. Le 5 févier, lors du Conseil de Paris, Anne Hidalgo avait par exemple fustigé l'incivisme, contre lequel elle avait plaidé une «tolérance zéro». Dans le même temps, l'opposition l'accusait d'avoir «échoué à relever ce défi».

Un rapport de décembre 2017 pointait effectivement du doigt la prolifération des rats dans l'espace public. Le maire Les Républicains (LR) du Ier arrondissement, Jean-François Legaret, explique d'ailleurs : «Le sentiment général est que Paris devient de moins en moins propre, sentiment qui ne peut qu’être renforcé par le retour visible des rats sur l’espace public.»

Le 11 juin, le maire du XVIIe arrondissement parisien, Geoffroy Boulard (LR), posait sur une photo avec des rats morts dans les mains, pour alerter de la situation. Les rats seraient actuellement au nombre de 3,7 millions dans la capitale.

Vélib' : un mauvais coup de pédale

Le 2 juillet, Anne Hidalgo a déclaré avoir demandé une enquête de l'inspection générale de la Ville sur les «manquements» éventuels ayant conduit à la «situation de crise» actuelle du dispositif Vélib'. Inauguré en 2007 sous l'administration de Bertrand Delanoë, le fameux service de mise en circulation de vélos en libre-service est passé sous la délégation du consortium franco-espagnol Smovengo en 2018, en remplacement de JCDecaux (qui en a eu la gestion pendant près de 10 ans).

Depuis ce changement, décidé notamment par la Ville de Paris, les Vélib' Smovengo déraillent. En effet, le nouveau service de mobilité a connu dès ses débuts de larges ratés, avec un nombre de stations opérationnelles très éloigné de l'objectif initial de 600 stations au 1er janvier et de 1 400 fin mars, pour 20 000 Velib' dont 30% électriques. En juillet 2018, la Ville reconnaissait que le dispositif de vélos en libre-partage ne fonctionnait qu'à 10% de ses capacités. Entre stations en panne, le peu de bornes acceptant les cartes de crédit, et les retards d'installation, les vélos Smovengo ont suscité depuis début 2018 de vives critiques des utilisateurs et des élus franciliens. Le 22 mars 2018, l'opposition dénonçait d'ailleurs en Conseil de Paris la «gestion catastrophique», par l'exécutif parisien, du changement de l'opérateur du service, sans compter la question des abonnements d'usagers ne bénéficiant plus d'une qualité de service telle qu'elle existait auparavant.

Autolib', le coup de frein fatal ?

Autolib' vivra-t-il le même fiasco que Vélib' ? La crainte semble légitime. Lancé en 2011 toujours sous l'administration Bertrand Delanoë, Autolib', fort de 150 000 abonnés, comptait 4 000 voitures en libre-service. Face à la concurrence des Vélib' ou la dégradation des véhicules, l'entreprise, faisant partie du groupe Bolloré, a accusé de lourdes pertes en 2018. 

Le syndicat mixte, où la Ville de Paris est majoritaire, et le groupe Bolloré se renvoient la responsabilité du déficit, estimé par Bolloré à 293,6 millions d'euros et dont il acceptait de ne prendre en charge que 60 millions. Le syndicat refusait d'acquitter une «facture démesurée».

Paris et ses partenaires ont donc décidé de résilier le contrat au 31 juillet après un désaccord sur la reprise de la dette. Petite éclaircie ? Plusieurs constructeurs comme Renault, PSA, Ada ou Drivy seraient intéressés pour embrayer sur un nouveau service, et poursuivre l'aventure des voitures électriques en autopartage dans Paris. Mais dans certains de ces projets les voitures ne seraient pas accessibles via des stations. Le concept même d'Autolib' semble donc bel et bien passé à la trappe.

Une gerbe pour les voies sur berge ?

Les automobilistes parisiens sont furieux. Les méthodes, parfois qualifiées d'«autoritaires», de la maire de Paris sont régulièrement pointées du doigt par l'opposition. En septembre 2016, le Conseil de Paris validait la piétonnisation des berges sur plus de 3 kilomètres au cœur de Paris, au nom de la lutte contre la pollution de l'air. Mais le tribunal administratif a annulé la décision le 21 février 2018, arguant d'une étude d'impact du projet qui «comportait des inexactitudes, des omissions et des insuffisances». En mars, le maire a pris un nouvel arrêté, cette fois au nom de la défense du patrimoine, les berges étant classées à l'Unesco. Huit recours ont été désormais déposés par des élus de l'opposition et des associations de riverains et de commerçants. En marche vers une longue procédure judiciaire ?

La privatisation des PV au stationnement : une machine à fric contre les Parisiens ?

Dans le cadre de la réforme permise par la loi sur les métropoles (loi Maptam) qui municipalise à partir du 1er janvier 2018 la gestion du stationnement, l'exécutif parisien, au terme d'un vif débat entre les élus, avait décidé de confier au privé la gestion des parcmètres et des amendes.

En mars, Le Canard enchaîné révélait que des milliers de contrôles de stationnement réalisés dans les rues de Paris par une société privée étaient en fait «bidon». La Ville, s'affirmant «trompée», s'est retrouvée néanmoins taxée de légèreté, une pierre de plus dans le jardin d'Anne Hidalgo.

Des employés de Streeteo, filiale d'Indigo (ex-Vinci Park), chargée du contrôle du paiement des parcmètres, saisissaient des immatriculations de véhicules, en prétendant les contrôler, mais, en réalité, sans quitter leur bureau. RTL avait également mis au jour un système par lequel des centaines d'amendes illégales avaient été dressées par des agents non assermentés de la société privée.

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