Les avocats Océane Bimbeau et Jean Sannier représentent 17 familles de victimes de l'attentat au Bataclan, le 13 novembre 2015. Rappelant les événements le soir du drame pour RT France, les avocats sont stupéfaits par l'inaction de la force Sentinelle, déployée au lendemain des attentats de janvier 2015 pour faire face à la menace terroriste.
Rappelant que la tuerie a fait près de 90 morts dans la salle de spectacle, Océane Bimbeau se demande : «Pourquoi, alors que cette force [Sentinelle] a l'occasion d'intervenir, on nous explique que ce n'est pas son rôle ?» Rejoints dans les premières minutes de l'assaut par huit militaires de la force Sentinelle, les policiers de la BAC ont, selon elle, contacté la préfecture de police pour demander l'intervention des militaires. Selon la chronologie présentée par l'avocate, «une réponse négative leur a été rapportée». «La préfecture de Paris leur dit expressément, "on n'engage pas les militaires,on n'est pas en zone de guerre"», ajoute-t-elle.
Les policiers auraient alors demandé aux forces Sentinelle de leur prêter leur Famas. Mais ceux-ci ont refusé, opposant leur statut de militaire, qui ne leur permet pas de prêter leurs armes, d'après Océane Bimbeau.
Son confrère Jean Sannier est tout aussi perplexe : «On sait maintenant que s'il y a eu un certain nombre de garrots posés assez rapidement sur ces otages, qui agonisaient depuis deux heures et demi, on peut imaginer que si le GIGN avait pu intervenir beaucoup plus rapidement, on aurait pu épargner un certain nombre de vies.»
«A quoi servait cette force Sentinelle, pourquoi avoir dépensé tant d'argent, est-ce que finalement ce n'est pas qu'une grande mascarade politique pour faire croire que les gens étaient protégés ?», s'interroge-t-il également.
Plainte contre X pour «non-assistance à personne en péril»
Le 8 juin dernier une plainte contre X pour «non-assistance à personne en péril» a été déposée auprès du procureur de la République François Molins par un collectif, formé par des familles de victimes ou victimes directes des attaques. Elles ne comprennent pas que huit soldats, équipés de fusils d'assaut et d'armes de guerre, aient reçu de leur hiérarchie l'ordre de ne pas intervenir.
10 000 soldats de l'opération Sentinelle sont déployés en permanence sur le territoire national pour assurer la sécurité de sites sensibles depuis janvier 2015. Le soir des attentats de Paris, quatre d'entre eux étaient positionnés à l'avant du Bataclan et quatre autres à l'arrière. Assurant la sécurisation des lieux à l'extérieur, ils ne sont pas intervenus dans la salle, alors qu'un commissaire divisionnaire de la brigade anti-criminalité s'est confronté seul aux terroristes. Avec son arme de poing, il a réussi à en abattre un.