Djamel Beghal, 52 ans, va sortir de prison au plus tard en août 2018, parmi quelque 450 détenus radicalisés qui sortiront de leurs établissements pénitenciers avant fin 2019.
Le ressortissant franco-algérien avait été condamné à purger une peine de dix ans de prison pour sa participation à un projet d’évasion de Smaïn Ait Ali Belkacem, l'un des organisateurs des attentats de Paris en 1995.
En prison, ce vétéran de la lutte armée djihadiste fait figure de «star», selon le sociologue Farhad Khosrokhavar, cité par le Républicain Lorrain, qui ajoute : «Partout où il est passé, il a laissé une trace». Djamel Beghal a effectivement côtoyé plusieurs générations de djihadistes en France, depuis ses fréquentations avec le Groupe islamiste armé (GIA) à Corbeil-Essonnes dans les années 1990 jusqu'à sa rencontre, en prison, avec la filières des Buttes-Chaumont, dont feraient plus tard partie Amedy Coulibaly et les frères Kouachi (les assaillants de l'Hyper Cacher et de Charlie Hebdo).
De Ben Laden à Coulibaly
En fin des années 1990, le djihadiste franco-algérien fréquente la mosquée de Finsbury Park à Londres, dans le quartier surnommé le «Londonistan», où est prêché un islam radical.
Il est ensuite parti rejoindre les camps d'entraînement d'Al-Qaïda en 2000 au Pakistan, où il a rencontré Oussama Ben Laden lui-même et a été formé à l'utilisation des explosifs. Quelque temps après ce séjour, alors que des avions s'étaient déjà abattus sur le World Trade Center de New York le 11 septembre 2001, Djamel Beghal a été interpellé aux Emirats arabes unis. Il tentait vraisemblablement de rejoindre l'Europe en vue d'y commettre un attentat. Il a alors été extradé vers la France et condamné à dix ans de prison pour «association de malfaiteurs terroristes».
A Fleury-Mérogis, il a s'est montré prosélyte auprès de la filière des Buttes-Chaumont. Libéré en 2009, il est ensuite assigné à résidence dans le Cantal, où il recevra ensuite la visite des frères Kouachi et d'Amedy Coulibaly, dont il est considéré comme un mentor.
L'Algérie opposée à son retour
En 2013, Djamel Beghal est à nouveau condamné, dans l'affaire de la tentative d'évasion du terroriste Smaïn Ait Ali Belkacem. C'est la peine qu'il a fini de purger à l'isolement en mars 2018 et qui le rend libérable au plus tard le 5 août 2018. Selon la décision de la cour d'appel de Rennes, il sera en liberté conditionnelle, mais déchu de sa nationalité française.
Il devrait donc logiquement être expulsé vers l'Algérie et a accepté cette condition, mais un ministre algérien de passage à Paris cité par le journal Le Figaro a fait savoir : «L’Algérie ne veut pas récupérer Djamel Beghal lorsqu'il sortira de prison.» Si Alger refuse l'expulsion du djihadiste, il sera donc probablement assigné à résidence en France.