Le 5 juin la plateforme de diffusion vidéo YouTube a mis ses menaces à exécution et a fermé la page ERTV de l'écrivain polémiste Alain Soral. Cette chaîne, qui comptait plus de 100 000 abonnés, avait fait l'objet d'au moins un signalement pour incitation à la haine ou à la violence et a finalement été supprimée pour «non-respect du règlement de la communauté».
L'essayiste de 59 ans, de son vrai nom Alain Bonnet, avait été plusieurs fois condamné pour provocation à la haine raciale et avait écopé le 1er juin à deux peines d’emprisonnement avec sursis pour provocation à la haine après la diffusion sur son site web de deux dessins jugés antisémites (ainsi qu'à une troisième peine de quatre mois avec sursis et 5 000 euros d’amende pour avoir présenté deux détenus comme responsables de la publication de son site alors que, pour la justice, il en est bien le directeur de publication).
La page Facebook d'Alain Soral avait déjà été fermée le 13 décembre 2017 ainsi que celle de son association Egalité et Réconciliation, qui, cumulées, étaient suivies par près de 290 000 personnes. Plus récemment, des mesures comparables avaient également visé les comptes du journaliste de la droite dure Jérôme Bourbon sur Twitter, de l'essayiste anti-immigrationniste Hervé Ryssen sur Facebook et YouTube, ainsi que les comptes Facebook et Instagram du groupe Génération identitaire.
Les fournisseurs d'accès sous pression
Frédéric Potier, délégué interministériel à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT (Dilcrah) a salué la décision de la plateforme vidéo : «C’est la fin de l’impunité et de la complaisance avec les messages de haine sur Internet.»
Les fournisseurs d'accès et les plateformes de partage sur internet sont particulièrement passés au crible en France depuis la présentation en mars du plan national de lutte contre le racisme et l'antisémitisme par Edouard Philippe, qui proclamait à cette occasion la volonté de son gouvernement de «renforcer le régime de responsabilité des opérateurs».