France

Une du Point sur Erdogan : un nouveau kiosque menacé à Nîmes

Un couple de vendeurs de presse a été menacé à Nîmes par un partisan du président turc, outré par l'affiche du Point montrant Recep Tayyip Erdogan. Emmanuel Macron avait déjà tweeté à propos de cette une et la diplomatie turque a également réagi.

Le 30 mai à Nîmes, dans le Gard, Nicolas et Véronique B., vendeurs de presse en face de la gare ont été pris pour cibles par un sympathisant du président turc Recep Tayyip Erdogan. La façade du commerce exposait une affiche de la Une du magazine Le Point qui fait polémique depuis le 26 mai : «Le didacteur, jusqu'où ira Erdogan ?»

Je soutiens la liberté de la presse et le journalisme

Selon le récit de l'altercation par Le Journal du dimanche, l'individu est entré à 10h30 dans le magasin pour proférer des menaces et a exigé que les affiches soient retirées. Essuyant un refus de la part des commerçants, il s'est montré plus menaçant : «Il nous a dit qu'ils reviendraient, en utilisant bien le pluriel, pour "tout casser" si on ne le faisait pas.» Le commerçant a porté plainte et expliqué son refus de retirer l'affiche : «Je soutiens la liberté de la presse et le journalisme. C'est très symbolique cette affaire.»

Les jardiniers de la démocratie, garants de ses valeurs

D'autres commerces ont subi des attaques similaires au cours de la semaine, notamment dans le Vaucluse et dans la Drôme. Le groupe Culture presse, l'union des commerçants des loisis et de la presse, rappelle dans un communiqué «les valeurs d'impartialité et de liberté de diffusion», tout en qualifiant les détaillants de presse de «jardiniers de la démocratie et garants de ses valeurs».

Un collectif opposé à Recep Tayyip Erdogan, nommé «Turquie contemporaine», avait filmé une séquence le 25 mai, dans le centre-ville du Pontet (Vaucluse) où l'on voit des partisans du chef d'Etat turc faire pression sur un individu, jusqu'à ce qu'il obtempère et retire l'affiche.

Sur Twitter, Macron et le chef de la diplomatie turque réagissent

Trois jours après la diffusion d'une vidéo montrant des individus retirer d'un kiosque la une du Point qualifiant Erdogan de «dictateur», Emmanuel Macron a réagi sur Twitter, jugeant la situation «parfaitement inacceptable».

La diplomatie turque a également réagi sur Twitter aux propos du chef d'Etat français : «La démocratie ne se limite pas à l’acceptation d’insultes et de mensonges, c’est aussi la prise en compte des sensibilités de l’autre. Au-delà c’est de l’hypocrisie. Et c’est face à cela que la communauté turque de France exprime sa réaction citoyenne et démocratique.»

Au mois d'avril, Reporters sans frontières révélait son classement 2018 de la liberté de la presse dans le monde, la France y figurant à la 33e place.

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