France

Monument aux morts tagué, dégradations : des bloqueurs occupent l'Ecole normale supérieure (PHOTOS)

L'Ecole normale supérieure est occupée depuis ce 2 mai par des élèves ainsi que par de nombreuses personnes extérieures à l'établissement. Un monument aux morts a été vandalisé, les murs recouverts de tags. RT France a joint une étudiante sur place.

La prestigieuse Ecole normale supérieure (ENS), sis rue d'Ulm à Paris, est occupée depuis ce 2 mai. Elle rejoint ainsi d'autres campus totalement bloqués à l'instar de Nanterre et Rennes 2 ainsi que d'autres partiellement bloqués (Limoges, Nantes, Marseille, Lyon 2, Paris 8 et l'Ecole des hautes études en sciences sociales). Ce mouvement de contestation envers la politique du gouvernement fustige pêle-mêle la loi ORE qui met notamment en place une forme de sélection à l'entrée de l'université dans certaines filières, la loi asile-immigration votée à l'Assemblée en première lecture le 22 avril, ou encore la défense du service public ferroviaire.

Après la tenue d'un «colloque intempestif» intitulé «Mort à l’université, vie au savoir» avec les philosophes italien Giorgio Agamben et l’économiste Frédéric Lordon notamment, une occupation des lieux a ainsi été décidée aux alentours de 20h30 ce 2 mai.

Des dégradations et de nombreux tags

Une banderole «seule la violence aide quand la violence règne», a été installée par des normaliens supposés en fin de journée.

«Une occupation a eu lieu à l'issue d'un colloque qui s'est tenu mercredi soir autour de l'actualité de l'université. L'école est fermée aujourd'hui», a expliqué une porte-parole de la prestigieuse école. Sur la porte de l'établissement était accroché un panneau indiquant «toutes les activités sont annulées», a constaté une journaliste de l'AFP.

Les personnes qui ont passé la soirée et la nuit dans l'Ecole sont responsables de nombreuses dégradations et d'une multitude de tags. Le monument aux morts situé dans les locaux de l'ENS et inauguré en 1923 a ainsi été tagué. «A nos morts tués par votre police», peut-on y lire, à côté d'une liste d'hommes décédés ces dernières années, de Rémi Fraisse à Adama Traoré.

Sur Twitter, certains étudiants qui ne cautionnent pas le blocage ont partagé des photos des innombrables graffitis.

Karina, une étudiante russe, jointe par RT France, a passé la nuit sur place, étant logée à l'internat. Faisant partie du contingent international de normaliens, elle a été témoin des nombreuses dégradations commises sur le site et ne se sent «pas en sécurité». Elle a publié de nombreuses photos sur Twitter.

«Anti-france», «on est pas d'ici» ou encore «zad partout» fleurissent sur les murs. «Hey Macron, le black bloc il a réussi à rentrer à l'ENS lui !», interpelle un graffiti, en référence au fait que le président de la République a échoué par deux fois à intégrer l'école.

La cantine de la rue d'Ulm a été «squattée» et de nombreux déchets jonchent le sol.

Pendant que les «bloqueurs» terminent leur nuit, les agents d'entretien s'affairent. Pour rappel, un étudiant normalien perçoit en moyenne plus de 1 500 euros brut par mois, pendant ses quatre années d'étude. Il a également le statut de fonctionnaire. 

Mais Karina explique que les personnes qui bloquent le site ne sont pas toutes des élèves normaliens. «Il y a des étudiants des facs qui étaient occupées», nous fait-elle savoir, comme par exemple celle de Tolbiac. Elle rapporte également que «des lycéens» et des «gens beaucoup plus âgés (35-45 ans environ)» sont arrivés à l'ENS, «prêts à squatter l'établissement» avec des sacs à dos de randonnée et des sacs de couchage. Après le colloque organisé ce 2 mai, une Assemblée générale (AG) s'est tenue à 23h et le blocage aurait été décidé par environ 250 personnes, dont quasiment aucun normalien, selon Karina, alors que dans une précédente AG, elle avait constaté «des voix isolées pour le blocage de l'ENS». «Personnellement, j'ai eu l'impression que les gens levaient leurs mains sans entendre pour quoi ils votaient», poursuit-elle.

Ce 3 mai, l'entrée de l'ENS est gardée par plusieurs CRS. Selon Karina, «la plupart des personnes externes» et des bloqueurs ont été «expulsés» sans violence. Elle précise que l'ENS est désormais fermée «à tout le monde sauf le personnel, la direction et les étudiants logés dans l'internat».

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