Dans une interview donnée au quotidien Libération et publiée le 12 avril, Jawad Bendaoud est revenu sur sa nouvelle vie, deux mois après avoir été relaxé par la justice française. Surnommé le «logeur de Daesh», il avait hébergé deux djihadistes auteurs des attentats perpertrés à Paris et à Saint-Denis en novembre 2015.
Désormais cloîtré dans la modeste chambre d’un hôtel parisien, il assure d'emblée aux deux journalistes venus à sa rencontre qu’il mène désormais une vie à l’abris des regards : «J’aime pas trop sortir maintenant. Ça fait 18 heures non-stop que je suis dans la chambre.»
«Je [ne] suis pas un terro»
«Victime du syndrome de l'homme perpétuellement accusé, Jawad [Bendaoud] remouline le dossier d'instruction des tueries du 13 Novembre dans un furieux tourbillon », rapporte le quotidien dans les premières lignes de son article.
A peine installé, les journalistes l'écoutent se défendre d’avoir participé aux attentats qui ont endeuillé Paris et Saint-Denis : «Si vous voulez j’appelle un témoin, il confirmera [...] J’ai toutes les captures d’écran, je vous montre ?» Un flot de paroles continu pendant près d'une heure, que ses interlocuteurs ne parviennent pas à arrêter.
«Je suis pas un "terro", je vous dis. Je vous le jure sur mon fils que je ne savais pas qui était Abaaoud. J’aurais foutu ma vie en l’air pour 150 balles ? Franchement… C’est ce que je me faisais en dix minutes en vendant de la coke et du crack. Wallah, je suis pas un putain de terro !», hurle-t-il.
Au bord de la crise de nerf, Jawad Bendadoud a manifestement bien du mal à retenir son calme : «Jawad hurle si fort que tout l’arrondissement en profite. Sous la petite table, où trônent des chips et un fond de vodka, sa jambe tremble à tel point qu’elle semble mitrailler le sol.»
«Les [filles] moches, je les ignore. Les autres, je les enregistre dans mon répertoire»
Considérant que sa vie était désormais «foutue», il se targue néanmoins de multiplier les conquêtes d’un soir. Preuve à l’appui, il montre aux journalistes un message reçu sur Snapchat : «Il y a cette adolescente de 16 ans, complètement nue, qui, écrit-elle, "désire devenir sa femme" sans même l’avoir rencontré. Il y a ces escort girls, qui proposent toutes sortes de services contre un peu de pub sur internet.»
Face à ces demandes, il assure sans complexe effectuer un tri presque mécanique : «Les moches, je les ignore. Les autres, je les enregistre dans mon répertoire à T-Max. T-Max parce que c’est des grosses cylindrées.»
Une biographie dans les tiroirs
De cette vie tumultueuse, Jawad Bendaoud espère en accoucher quelques lignes dans un livre. «On peut en vendre des milliers», se vante-t-il. En attendant, la page judiciaire est loin d’être tournée puisque un procès en appel se tiendra du 21 novembre au 21 décembre 2018, le parquet ayant fait appel de sa relaxe en première instance.