Les concertations entre les syndicats et le gouvernement au sujet de la réforme de la SNCF sont-elles simplement un prétexte pour justifier une négociation fantoche ?
Le projet de loi pour «un nouveau pacte ferroviaire» sera présenté et examiné à l'Assemblée nationale à partir du 9 avril, jusqu'au vote le 17. Pourtant, les concertations sont censées durer jusqu'à la fin du mois, et, sans accord, les grèves perlées dureront jusqu'au mois de juin. Tout laisse donc penser que le projet de loi pour «un nouveau pacte ferroviaire» serait d'ores et déjà bouclé du côté gouvernemental, et que ni les grèves, ni les concertations ne pourraient y changer quoi que ce soit.
Guère étonnant, donc, qu'à la sortie de la concertation des 5 et 6 avril, les syndicats étaient furieux. Pour eux, ces réunions avec le gouvernement s'avèrent être une «mascarade». Ne se sentant pas écoutés, l'un des syndicats, Sud-rail, va proposer le 9 avril «de durcir le mouvement». Mediapart note que les syndicats déplorent «le "blabla" d’un gouvernement qui parle, mais ne dit rien, écoute, mais n’entend pas».
Le gouvernement serait-il donc prêt à imposer son texte tout en faisant croire, au demeurant, qu'un dialogue est toujours possible, afin d'éviter que les Français l'accusent d'être excessif et méprisant vis-à-vis des opposants ? Ces derniers, entre Les Républicains et La France insoumise, se sont unis pour dénoncer l'«arrogance» de l'exécutif sur ce dossier, à l'image de Laurence Sailliet, une des porte-paroles des Républicains et le député de La France insoumise, Alexis Corbière, dont les propos ont été rapportés par l'AFP.
Le fait que le projet soit discuté à l'Assemblée le 9 avril est un acte hostile de plus pour Fanny Arav, représentante Unsa, interrogée par Mediapart : «On a l’impression que les choses s’écrivent derrière notre dos.»
La République en marche (LREM) suit la consigne. Le rapporteur de la réforme, le député Jean-Baptiste Djebbari assure, selon le média en ligne, que le calendrier «est parfaitement logique». Seront ainsi débattus à l'Assemblée nationale, des points cardinaux que le gouvernement ne souhaite pas négocier... comme la fin de l'embauche sous le statut de cheminot. De quoi attiser la colère des syndicats. La CGT, tout comme Sud-rail, ont ainsi appelé à manifester devant l'Assemblée nationale le 9 avril.
Bastien Gouly
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