Alors que la grève «perlée» des cheminots de la SNCF débute ce 3 avril, de nombreux députés La république en marche (LREM) ont vilipendé le mouvement, notamment sur les réseaux sociaux. «Gréviculture», «prise en otage», «blocage» du pays : tour d'horizon de la sémantique macroniste utilisée pour l'occasion.
Le député des Hauts-de-Seine et porte-parole de LREM, Gabriel Attal, avait planté la première banderille en matinée sur France Inter le 2 avril. Estimant qu'il fallait «sortir le pays de la gréviculture», il assurait ne pas comprendre cette grève qui s'annonce «dure pour les Français».
«Courage aux usagers pénalisés par une grève SNCF que rien ne justifie»
Le secrétaire d'Etat à la fonction publique, Olivier Dussopt, lui a emboîté le pas ce 3 avril en soulignant qu'il y avait à la la SNCF «une tradition de conflit», «une volonté d'entrer directement dans le rapport de force».
Ce sentiment d'«incompréhension» face à un mouvement de grève «injustifié» a été partagé ce même jour sur les réseaux sociaux par de nombreux députés LREM. «Tout mon soutien aux Français qui ne pourront pas prendre leur train ce matin. Courage aux usagers pénalisés par une grève SNCF que rien ne justifie.», commentent ainsi ces deux parlementaires de la majorité, reprenant les éléments de langage utilisés par la ministre des Transports, Elisabeth Borne, dans les colonnes du Parisien, le 31 mars.
La porte-parole du groupe LREM à l'Assemblée nationale, Aurore Bergé, déplore également que les usagers de la SNCF soient «pénalisés par une grève que rien ne justifie».
Un vocabulaire repris par d'autres députés LREM, à l'image de Blandine Brocard, députée de la cinquième circonscription du Rhône, pour qui «bloquer le pays alors que les discussions sont en cours» est une «"drôle" de manière de négocier».
Penser à «l'usager-contribuable»
Didier Baichère, député LREM des Yvelines, fait pour sa part référence à la «prise en otage systématique» des cheminots de la SNCF.
Variante avec Stéphanie Riest, parlementaire du Loiret, pour qui la SNCF doit «se transformer, s'adapter» afin de devenir «un service "au" public plutôt qu'un service public».
Benoît Simian, député de Gironde, a lui confié ne pas pouvoir «imaginer» que le mouvement de grève de la SNCF dure trois mois car «on doit avant tout penser à l'usager-contribuable».
La grève de la SNCF semble en tout cas inspirer la Macronie. Le 17 mars dernier, la députée des Hauts-de-Seine, Céline Calvez qualifiait le mouvement de «facteur d'espoir» et «d'innovation», car «on peut imaginer qu'on va avoir du covoiturage !». Cinq jours plus tard, le ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer, estimait que la France n'avait «pas besoin de grève».