France

Grève à la SNCF : ce qui se trame pour le lundi 2 avril

La bataille du rail débute concrètement ce 2 avril dès 19h, les cheminots mettant à exécution les grèves perlées jusqu'au 28 juin, pour défendre le «service public ferroviaire». La mobilisation risque d'être forte et des trains seront supprimés.

Les cheminots entament cette semaine leur grève perlée jusqu'au 28 juin. Leur mobilisation débutera le 2 avril à partir de 19h jusqu'au 5 avril, 8h, pour livrer leur «bataille du rail» contre le projet de réforme du gouvernement Edouard Philippe.

Parmi les revendications, les cheminots refusent les modalités d'ouverture à la concurrence de la SNCF, la transformation de la SNCF en société anonyme (ouvrant, d'après eux, la voie à une future privatisation) et la fin des recrutements sous le statut de cheminots.

Le 31 mars dans Le Parisien, la ministre des Transports Elisabeth Borne a fustigé l'attitude «incompréhensible» des syndicats, estimant que, si la SNCF perdait des lignes TER ou TGV au profit du privé, les cheminots seraient «transférés avec l’essentiel des garanties du statut : garantie de l’emploi, régime de retraite et rémunération».

Interrogé par RT France le 21 mars, Bruno Poncet, secrétaire fédéral du syndicat SUD Rail, n'est pas dupe de la manœuvre gouvernementale : «Le statut de cheminots n’a jamais été l’enjeu de cette grève. Notre inquiétude n’est pas du tout liée au statut. Elle est surtout liée à la continuité de service public ferroviaire, à la recherche de la sécurité ferroviaire. Le statut est un épiphénomène qui a été amené pour dresser les uns contre les autres.»

Le gouvernement agit-il par pur «dogmatisme idéologique» ?

Avec 46% de Français trouvant le mouvement «justifié» selon un sondage Ifop pour le JDD, le soutien à la grève a progressé de 4 points en deux semaines.

Le projet de réforme «vise à détruire le service public ferroviaire par pur dogmatisme idéologique» et «ne réglera pas le sujet de la dette, ni celui des dysfonctionnements», affirment les syndicats dans leur préavis.

Invité du Grand Jury RTL/Le Figaro/LCI, Gérald Darmanin, ministre de l'Action et des Comptes publics, a souligné «la détermination tranquille et totale» du gouvernement, assurant qu'il n'y avait «aucun projet ni ouvert, ni caché de privatisation» de la SNCF.

Des trains peu nombreux, des lignes fermées : une mobilisation de grande ampleur ?

Selon les dernières informations, la grève à la SNCF à l'appel des quatre syndicats représentatifs se traduira le 3 avril par un TGV sur huit et, en régions, un TER et un Transilien sur cinq en circulation en moyenne. Ainsi, 12% des TGV devraient circuler au niveau national, ainsi que 28% des Transiliens, 13% des Intercités et 30% des TER. En Ile-de-France, le 3 avril, la circulation sera variable selon les lignes, allant d'un train sur deux sur le RER A à un sur trois sur le RER B et un sur cinq sur le RER C, selon les prévisions de la direction de la SNCF, qui anticipe en revanche un trafic «normal» le 2 avril après 19h, contrairement aux précédentes mises en garde du PDG Guillaume Pepy.

Dans le Journal du Dimanche, le 1er avril, le président de la SNCF avait en effet estimé qu'il y aurait «très peu de trains du 2 avril au soir au 5 avril au matin». «Il ne sera donc pas raisonnable de venir dans une gare si votre train n'est pas confirmé», avait-il poursuivi. Prédisant une mobilisation de grande ampleur, Guillaume Pepy avait également prévenu que «des lignes ser[aie]nt fermées».

Pour inciter des cadres à conduire des trains pendant la grève, la direction a proposé une prime de «conducteur occasionnel», signe d'une direction «aux abois», selon Erik Meyer (SUD Rail), contacté par l'AFP. Cette prime mensuelle d'un montant de «150 euros» était jusqu'alors versée à des «cadres de direction issus de la conduite» amenés à conduire un train de temps en temps, «une fois par trimestre», a-t-il expliqué.

En outre, la semaine sociale s'annonce chargée. Air France sera une nouvelle fois touché le 3 avril puis le 7 avril, par ses quatrième et cinquième journées de grève en un mois et demi.

Le gouvernement devra aussi surveiller la mobilisation annoncée par la CGT dans l'ensemble de la filière déchets et dans l'énergie. Dans ce secteur, la FNME-CGT, première force syndicale, a calqué son calendrier sur celui des cheminots, avec un préavis de grève «jusqu'au 28 juin». Mais le mouvement pour «un nouveau service public de l'électricité et du gaz» ne devrait se traduire que par des actions ponctuelles, telles que des baisses de production par exemple. Dans la filière déchets, un appel à la grève pour un «service public national» des déchets devrait toucher à partir du 3 avril Paris et sa région, celle de Marseille, Montpellier, ainsi que l'Est et le Nord. 

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