France

Octogénaire juive tuée : deux suspects mis en examen pour homicide à caractère antisémite

Deux hommes ont été mis en examen et écroués pour le meurtre d'une octogénaire, dont le corps a été retrouvé lardé de coups de couteau et brûlé dans la capitale française. Le parquet de Paris a d'ores-et-déjà retenu le caractère antisémite du crime.

Deux suspects ont été inculpés et écroués le 27 mars pour «homicide volontaire à raison de l'appartenance vraie ou supposée de la victime à une religion», selon une source judiciaire citée par l'AFP. Ils sont accusés du meurtre d'une octogénaire à Paris, un assassinat qui suscite une forte émotion notamment de la communauté juive, un an après l'assassinat de Sarah Halimi.

La veille, le parquet de Paris avait retenu le caractère antisémite. «Les déclarations d'un des suspects en garde à vue et le fait qu'ils connaissaient tous les deux la religion de la victime ont motivé cette décision», d'après des sources proches de l'enquête.

Trois jours après la mort de Mireille Knoll, 85 ans, dont le corps lardé de coups de couteau et en partie brûlé a été retrouvé dans son appartement incendié à Paris, le parquet de la capitale avait ouvert une information judiciaire pour «assassinat à raison de l'appartenance vraie ou supposée de la victime à une religion et sur personne vulnérable».

Réactions au meurtre violent de l'octogénaire

En visite à Jérusalem, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian avait fait part, ce 26 mars, de son «émotion» après le meurtre de Mireille Knoll. «On ne peut pas dire à cette heure les raisons qui ont provoqué cet assassinat, mais l'hypothèse d'un crime antisémite est plausible. Cela nous rappelle le caractère fondamental et permanent [du] combat» contre l'antisémitisme», a-t-il précisé.

Le grand rabbin de France, Haïm Korsia, s'est dit sur Twitter «horrifié par la tragique disparition de Mireille Knoll, rescapée de la Shoah, presque un an jour pour jour après le meurtre de Sarah Halimi-Attal». «L'horreur du crime et la violence des bourreaux sont identiques et renvoient à la négation du visage humain», a-t-il ajouté.

Le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), qui attend «des autorités la plus totale transparence dans l'enquête en cours», a appelé à une «marche blanche» en hommage à la victime le 28 mars dans l'après-midi à Paris.

Un suspect malfrat «considéré comme un fils »

Deux hommes en garde à vue doivent être présentés à un juge d'instruction en vue de leur éventuelle mise en examen, selon cette source. Le parquet a requis leur placement en détention provisoire.

Le corps de Mireille Knoll a été retrouvé en partie carbonisé le 23 mars peu avant 19h dans son appartement du 11e arrondissement où elle vivait seule. Les pompiers avaient été alertés par une voisine après le début de l'incendie.

A la police, un membre de la famille de Mireille Knoll a dit soupçonner un voisin qui avait l'habitude de venir la voir. Cet homme, né en 1989, a été placé le 24 mars en garde à vue. «Apparemment ma mère le connaissait très bien et le considérait comme un fils», a déclaré à l'AFP le fils de la victime. Selon une source policière, il était connu des services de police pour des affaires de viol et d'agression sexuelle. Selon cette source, le second suspect, âgé de 21 ans et connu pour des faits de vols avec violences, se trouvait dans l'immeuble de Mireille Knoll le jour du meurtre.

«Nous sommes vraiment tous sous le choc. Je ne comprends pas comment on peut tuer une femme qui n'a pas d'argent, et vit dans un HLM», a ajouté le fils de la victime. 

Mireille Knoll avait échappé à la rafle du Vel d'Hiv'

L'octogénaire, née en 1932 à Paris, avait échappé de justesse à la rafle du Vel d'Hiv' de juillet 1942 en s'enfuyant de Paris juste avant avec sa mère, a raconté à l'AFP son fils. Réfugiée au Portugal, elle est revenue à Paris après la guerre, et a épousé un homme rescapé du camp d'Auschwitz, décédé au début des années 2000.

Cette femme, Mireille Knoll, était «de confession juive», a souligné le 25 mars au soir dans un communiqué le Service de protection de la communauté juive (SPCJ). 

Eviter de reproduire les erreurs de l'affaire Halimi

Ce crime porte certaines ressemblances avec le meurtre de la sexagénaire parisienne Sarah Halimi qui avait été tuée en avril 2017 : un homme avait défenestré cette femme de confession juive, après l'avoir passée à tabac sur son balcon aux cris d'«allah akbar», entrecoupés d'insultes et de versets du Coran. Demandé par le parquet et par les parties civiles, le mobile antisémite n'a été retenu par la juge d’instruction chargée de l’enquête qu'en février 2018, au terme de longues démarches. Une partie de l'opinion publique et la communauté juive s'étaient indignées de ces tergiversations. 

Lors du dîner du CRIF, le 7 mars, Emmanuel Macron vaita évoqué cette affaire, déclarant : «Nous avons pris des mois et des mois à caractériser ce qui était une évidence pour ceux-là même qui avaient constaté le crime.»

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