Afin de tenter de mettre en échec le gouvernement sur la réforme de la SNCF portée par ce dernier, l'intersyndicale a appelé ce 15 mars à faire grève «deux jours sur cinq à compter du 3 avril», et promet un conflit «intensif sur une très longue durée» par la voix de Laurent Berger qui était interrogé sur la chaîne LCI.
Au total, le mouvement de grève devrait donc s'étaler sur 36 jours pendant une période de trois mois. Chaque semaine, la grève devrait avoir lieu deux jours consécutifs. Il s'agit du premier grand mouvement de ce genre qu'aura à affronter Emmanuel Macron depuis son élection.
L'intersyndicale, composée des syndicats CGT, Unsa, CFDT et SUD, compte mobiliser les salariés de la SNCF notamment contre le projet de loi autorisant le gouvernement à légiférer par ordonnances pour lancer sa réforme de la SNCF présentée la veille par la ministre des Transports Elisabeth Borne.
Concrètement, les syndicats refusent la transformation en sociétés anonymes par actions des trois établissements publics à caractère industriel et commercial (Epic) qui composent le groupe SNCF : SNCF, qui prend en charge le pilotage global du groupe, SNCF Réseau, qui gère, exploite et développe le réseau ferré français et SNCF Mobilités, pour le transport de voyageurs et de marchandises. Les quatre fédérations, sans surprise, remettent aussi par avance en cause la fin de l'octroi du statut de cheminot pour les nouvelles embauches.
En d'autres termes, comme dans plusieurs entreprises publiques et notamment La Poste, devraient dorénavant coexister des salariés faisant le même travail, mais avec des avantages sociaux différenciés. Pour beaucoup ce serait un prélude à la fin du régime spécial de retraites des cheminots, déjà lourdement déficitaire en raison du décalage entre le nombre d'actifs cotisants (146 000) et celui des retraités (246 000 en 2016). En effet, les nouveaux embauchés ne cotiseraient plus à la Caisse de prévoyance et de retraite (CPR) du personnel de la SNCF.
Reste à savoir si le gouvernement remportera son pari et saura éviter la répétition des grèves monstres de 1995 qui avaient paralysé le pays. Il est vrai qu'elles s'opposaient à des réformes sur la sécurité sociale et les retraites, qui concernaient plus directement l’ensemble des Français.