France

Trop vieux, trop homme, trop blanc ? Lepers se dit victime de discrimination après son licenciement

Licencié en 2015, l'animateur Julien Lepers demande la nullité de son licenciement pour un supposé motif discriminatoire en raison de son âge, son sexe et sa couleur de peau. Il réclame environ 3 millions d'euros à son ancien employeur.

Le Parisien rapporte les grandes lignes de l'audience publique du 8 mars, au conseil des prud'hommes, entre l'ancien animateur de Questions pour un champion, Julien Lepers, et son ex-employeur, FremantleMedia, la société de production de l'émission.

Particulièrement vexé par son licenciement, il demande environ 3,4 millions d'euros. Son avocat requiert «la nullité du licenciement pour motif discriminatoire : âge, sexe et couleur de peau». «En subsidiaire, c'est un licenciement sans cause réelle et sérieuse», juge-t-il.

L'animateur estime que l'arrivée de Delphine Ernotte à la tête de France Télévisions en 2015 conforte cette conclusion, après sa déclaration sur Europe 1 en septembre de la même année. «Il y a trop d'hommes blancs de plus de 50 ans à la télévision française, il va falloir que cela change», avait-elle avancé.

«[Le licenciement de] Julien Lepers, se fera trois mois après la déclaration de Delphine Ernotte. [...] Mais celui-ci est le salarié d'une maison de production indépendante, pas de France Télévisions. Pourtant, FremantleMedia va appliquer la décision de France Télévisions, à la hussarde, à la cow-boy», argumente l'avocat de Julien Lepers.

Toutefois, FremantleMedia, par la voie de son avocat Eric Manca, trouve cet argument faible puisque Julien Lepers était salarié «en droit, de FremantleMedia, pas de France Télévisions», Delphine Ernotte n'était donc pas sa supérieure hiérarchique. Eric Manca assure aussi que l'argument discriminatoire ne tient pas puisque le remplaçant de Julien Lepers à la présentation, Samuel Etienne, «n’a pas la peau rouge et ce n’est pas un transgenre : c’est un homme !» Il avance des raisons liées aux audiences de l'émission, jugées trop faibles, pour expliquer le licenciement de son animateur vedette.

A la fin de l'audience Julien Lepers n'a pas pu se contenir et a pris directement la parole : «Je n'ai pas d'obligation d'audience dans mes contrats. Même avec deux téléspectateurs, je pouvais continuer. Or là, j'étais entre 1,5 et 2,2 millions de téléspectateurs. C'est unique en France, unique. Vous avez donné des documents qui sont faux, pour que le conseil juge sur des mensonges ? C'est irrespectueux. [...] Je n'ai même pas pu dire au revoir au public...»

La partie adverse a conclu la séance : «On lui a proposé une émission hommage mais que monsieur Lepers a refusé.»

Le délibéré aura lieu le 5 avril.

Lire aussi : Polémiques et une audience en baisse : France 2 réfléchit à l'arrêt de «On n'est pas couché»