France

«N'importe quoi. Montrez-moi votre carte !» : quand un SDF ne reconnaît pas Edouard Philippe

En maraude avec le Samu social, le chef du gouvernement est allé à la rencontre de personnes vivant dans la rue, à Paris, en cette période de grand froid. L'un d'eux n'a pas cru Edouard Philippe lorsqu'il lui a annoncé sa fonction...

Boulevard de l'Hôpital dans le XIIIe arrondissement, le soir du 5 février. Au coin d'une rue, deux SDF mal en point sont installés sur une bouche d'aération, deux compagnons d'infortune debout à leurs côtés. Ils pestent contre «la neige, le froid, la flotte» qui tombe depuis la matinée sur les trottoirs de la capitale.

L'équipe du Samu social, vêtements beiges et chasubles bleues, est accompagnée d'un petit aréopage : le Premier ministre Edouard Philippe, le ministre de la Cohésion des Territoires Jacques Mézard, une poignée de conseillers et d'officiers en civil.

Non! Je vous crois pas... Montrez-moi votre carte ! T'es Premier ministre ? N'importe quoi

Le dialogue tourne un peu court avec les deux SDF allongés, passablement ivres, la voix rauque et épuisée. «Mais vous Monsieur, vous êtes qui ?», s'impatiente alors Patrice, debout avec un manteau rouge. «Je suis le Premier ministre», répond Edouard Philippe. «Non! Je vous crois pas... Montrez-moi votre carte ! T'es Premier ministre ? N'importe quoi», lance-t-il, incrédule.

Patrice raconte sa galère, l'hôtel à deux pas où il loge qui lui coûte «700 euros, avec mes 800 euros de pension», la banque qui refuse sa carte d'identité «alors qu'elles ont toutes été prolongées de cinq ans», la rue qui le guette. L'équipe du Samu social essaie, elle, de convaincre les deux SDF ivres de ne pas passer la nuit dehors sur leur matelas de fortune : «On les connaît. L'un des deux, quatre fois sur cinq il accepte».

Néanmoins, ce soir encore, malgré l'activation du plan grand froid en Ile-de-France, on a dû refuser du monde au 115, comme l'a constaté le Premier ministre un peu plus tôt au central téléphonique du Samu social à Ivry-sur-Seine.

«On a un dispositif qui est complètement saturé et dont les gens ne sortent pas»

«A la fois on manque de places et on manque de sorties. On a un dispositif qui est complètement saturé et dont les gens ne sortent pas», résume Eric Pliez, le président du Samu social.

S'il continue à créer des places d'urgence face à l'importance des besoins, l'exécutif cherche à établir une politique de moyen terme, notamment en créant 50 000 places dans le logement social et dans des pensions de famille pour réduire le recours, massif et coûteux, aux hôtels.

«Il faut essayer de trouver des solutions qui ne soient pas simplement d'urgence», déclare à l'AFP le Premier ministre, tout en reconnaissant que «même quand on met les moyens, ça reste très compliqué de trouver des solutions efficaces et durables».

Un peu plus tôt, Sylvain Maillard, député de la majorité présidentielle, avait fait polémique en déclarant que l'«immense majorité» des SDF dormiraient dans les rues «par choix».

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