Gilbert Cuzou, 34 ans, organisateur des meetings de Benoît Hamon pendant la présidentielle, est à l’origine d’un nouveau scandale sexuel dans le milieu politique. Ce conseiller régional de Seine-et-Marne, ex-attaché parlementaire du député-maire (PS) du XIVe arrondissement de Paris Pascal Cherki, est visé par cinq plaintes pour harcèlement, agression sexuels ou viol. Pour cette dernière accusation, il a été mis en garde à vue le 22 janvier dans les locaux du 3e district de la police judiciaire parisienne, selon le quotidien Libération. Il sera déféré au parquet le 26 janvier.
Les ennuis ont commencé pour l’élu en octobre, lorsque deux femmes de l’équipe de campagne de Benoît Hamon pendant la présidentielle ont porté plainte pour agression et harcèlement sexuels. Une enquête préliminaire a alors été ouverte par le parquet de Paris. Le groupe politique qu’il venait de rejoindre à la région, «Alternative écologiste et sociale» (AES), formé par Benoît Hamon, neuf socialistes du conseil régional d'Ile-de-France et des écologistes, l’a immédiatement exclu.
«Les faits décrits sont graves», avait déclaré Mounir Satouri, le président du groupe. «Cette exclusion durera le temps que la justice se prononce sur les faits dont ce conseiller régional est accusé», avait-il précisé.
De son côté Benoît Hamon a aussitôt exclu Gilbert Cuzou de son parti, à l'époque provisoirement nommé M1717. Il s'est exprimé sur l'affaire sur France Inter le 23 octobre : «Dès lors que la justice est saisie, il est logique que la personne concernée soit mise à l’écart.» «Ces phénomènes existent dans la société. Dans toute organisation régie par les rapports de pouvoir encore plus», a-t-il reconnu.
Il a aussi décidé de constituer un fonds pour les victimes, afin qu’elles puissent mener à bien leurs poursuites judiciaires et leur suivi psychologique. Le parti de Benoît Hamon a publié le 18 octobre un communiqué sur le harcèlement sexuel pour préciser des propositions de lutte, en plein scandale quant aux agissements du producteur Harvey Weinstein.
De son côté en octobre, l’agresseur présumé a toujours nié en bloc. Selon Le Parisien, Gilbert Cuzou a envisagé de porter plainte pour diffamation. «Depuis deux semaines, il y a une présomption de culpabilité dans ces affaires de harcèlement», a averti son avocat Dominique Tricaud. «Mais ne perdons pas de vue qu’il y a peut-être une manipulation politique sous cette histoire. Car il y a un décalage entre ce que rapportent ces femmes et ce qui est raconté par leur entourage professionnel», a-t-il ajouté.
Les agressions se seraient produites durant la campagne pour les présidentielles de Benoît Hamon et celle des législatives, Gilbert Cuzou se chargeant des meetings et de l'aspect logistique. Il aurait harcelé environ six ou huit femmes, au QG de campagne ou durant les déplacements. «Le non-consentement était établi, il continuait quand même», assure une proche de Benoit Hamon à Libération. «Elles ont reçu des centaines de textos. C’était du harcèlement pur», poursuit-elle. Quant au viol, il aurait eu lieu dans la nuit du 10 au 11 juin, durant les législatives.
Ce n'est pas la première fois que Benoît Hamon est confronté à des scandales sexuels au sein de mouvements dont il fait partie. Il s'en est expliqué en novembre sur Europe 1, interrogé au sujet de Thierry Marchal-Beck, ex-patron du Mouvement des jeunes socialistes (MJS), soupçonné d'agressions sexuelles et de harcèlement envers plusieurs femmes. Benoît Hamon s'est souvenu que l'une des victimes de cet homme l'avait «mis en garde contre le fait que ce dernier n'avait pas forcément des comportements adaptés, sans aller au-delà».