France

La ministre de la Justice sifflée et huée devant la prison de Borgo (VIDEOS)

La ministre de la Justice Nicole Belloubet a été sifflée et huée le 19 janvier en quittant la prison de Borgo (Haute-Corse) par la centaine d'agents rassemblés devant l'établissement et qui ont refusé de lui parler, lui tournant le dos.

«On ne veut pas te parler, retourne à Paris !», «Vous ne faites rien !», ont scandé le 19 janvier des agents alors que la garde des Sceaux, Nicole Belloubet, entourée de gendarmes, tentait d'ouvrir le dialogue après s'être entretenue, à l'intérieur de la maison d'arrêt de Borgo (Haute-Corse), avec les organisations syndicales et des agents. Les agents rassemblés à l'extérieur lui ont également tourné le dos en forme de protestation.

«Je crois qu'il y a beaucoup d'émotion dans ce que disent les surveillants qui ont été touchés et les personnels de l'établissement. Beaucoup d'émotion, beaucoup de colère», a déclaré la ministre lors d'un point-presse rapide à l'issue de ces rencontres dans l'établissement. Elle a ajouté «comprendre parfaitement» cette colère.

Nicole Belloubet a évoqué les préoccupations exprimées par le personnel : «A la fois leur souhait d'avoir une garantie de sécurité affirmée, que ce soit en terme d'équipement, en terme d'autorité de personnel, également en terme de processus de gestion des détenus» et «leur souci autour de la manière dont étaient pris en compte les détenus radicalisés».

«Je m'engage sur tous ces points à leurs apporter des réponses», a-t-elle promis, ajoutant, en référence aux négociations en cours entre syndicats et administration pénitentiaire au niveau national, qu'elle «attendrait la fin de ces discussions pour faire des annonces précises».

Elle a précisé qu'à sa connaissance, outre «la personne à l'origine de la tentative d'assassinat [du 19 janvier]», il n'y avait pas d'autres détenus radicalisés dans le centre pénitentiaire de Borgo.

Elle a par ailleurs confirmé que ce détenu «n'était fiché dans aucun de [leurs] fichiers», donc qu'il n'y avait «aucun manquement» de son point de vue.

Concernant ces détenus radicalisés, elle a assuré que des «dispositifs précis» étaient mis en place «sur l'ensemble de la France» pour qu'ils soient placés «soit à l'isolement soit dans des quartiers spécifiques».

Guillaume Polleux, délégué CGT de l'établissement qui a participé à la réunion avec la ministre, a appelé la ministre à «trouver des solutions». «Il faut refaire les budgets, il faut du matériel, des effectifs... qu'on sache au moins rester en vie», a-t-il argumenté face aux médias.

Après cette visite à Borgo, la ministre a rejoint la préfecture de Haute-Corse à Bastia où elle devait participer à une réunion avec des élus locaux dont Gilles Simeoni, président du conseil exécutif, le mini-gouvernement de Corse, qui était présent devant la prison.

Dans la matinée, deux gardiens de prison ont été blessés, dont un touché à la gorge d'un coup de couteau, par un détenu signalé pour radicalisation, peut-être aidé par des complices, à la maison d'arrêt de Borgo.

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