Le Palais Bourbon vient de rédiger son premier dress code. Cette petite révolution fait suite à plusieurs manifestations fantaisistes survenues au sein de l’hémicycle ces derniers mois, notamment celles du député François Ruffin. Le texte, qui sera soumis au bureau de l’Assemblée le 24 janvier, restreint au maximum la possibilité d’une quelconque excentricité.
Il sera donc désormais interdit de porter dans l’hémicycle : des uniformes ou tenues inspirées d’un uniforme, des vêtements sportifs, des tenues caractéristiques d’une activité professionnelle (comme les combinaisons d’ouvrier). Seront également bannis les vêtements portant des inscriptions publicitaires, tels que les tee-shirts floqués d'un logo, slogan ou symbole politique. Jusqu’ici, pour les hommes, l’usage voulait que les huissiers veillent au strict respect de la règle dite du «cravate veston».
Dans la veine de cet esprit proscrivant toute velléité revendicative, il sera également interdit de brandir des graphiques, des pancartes, des documents, des objets ou des instruments à l’Assemblée. Ceci afin de prévenir les incidents tels que la fameuse exposition par Jean-Luc Mélenchon de son panier de courses en juillet 2017.
Les extravagances des députés réprimées
La volonté d’édicter un dress code est née en réaction au coup d’éclat de François Ruffin, député de la France insoumise, le 7 décembre 2017. Il avait enlevé son pull et dévoilé le tee-shirt du club de football amateur d’Eaucourt, portant la mention «Bar-Tabac-Loto Le Salutaire Liercourt». Il tenait ainsi à sensibiliser ses pairs à l'importance du travail bénévole dans le milieu sportif et affichait son soutien à un texte déposé par les centristes de l'UDI visant à taxer les gros transferts sportifs en faveur du sport amateur.
Cette provocation avait été vivement critiquée. Le président de la séance, Hugues Renson (LREM), lui avait rappelé le respect dû aux débats «qui implique une tenue correcte qui soit digne des lieux». François Ruffin s’était vu adresser un rappel à l’ordre avec inscription au procès-verbal. Il avait également écopé d'une amende correspondant au quart de son indemnité mensuelle, soit 1 378 euros.
Après cet incident, le président de l'Assemblée nationale François de Rugy avait alors réagi en faisant voter le mercredi 20 décembre un texte pour que «la tenue des députés ne puisse plus être prétexte à la manifestation de l'expression d'une opinion». Le dress code sur lequel doit se présenter le bureau de l'Assemblée fin janvier découle directement de ce texte.