Mathieu Gallet persiste et signe. Il «exclut de démissionner», selon son avocat Christophe Ingrain, cité par Le Monde le16 janvier. Le PDG de radio France, condamné à 20 000 euros d'amende et un an de prison avec sursis pour «favoritisme» pour des faits qui remontent à l'époque où il était président de l'Institut national de l'audiovisuel (2010-2014), a pourtant vu la pression monter avec l'intervention de la ministre de la Culture Françoise Nyssen un peu plus tôt, le 16 janvier, dans les colonnes du Monde.
«Un dirigeant d'entreprise publique condamné pour favoritisme, ce n'est pas une situation acceptable. Il appartient à l'intéressé d'en tirer les conséquences, ainsi qu'au Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA), légalement compétent», a-t-elle ainsi fait valoir dans le quotidien, dans ce qui s'apparente à une demande indirecte de le voir quitter ses fonctions.
Un durcissement de ton soudain de la part du ministre, dont le cabinet considérait encore le 15 janvier, toujours dans Le Monde, qu'il revenait à Mathieu Gallet «d’apprécier les éventuelles conséquences de la décision». Le cabinet s'en remettait totalement au Conseil supérieur de l’audiovisuel, seul habilité à «nommer et défaire les mandats», prenant même le soin de préciser que «dans ce cadre, toute intervention de l’exécutif serait critiquable».
Un revirement dénoncé par l'avocat de Mathieu Gallet, qui le juge «choquant et incompréhensible». «[Le 15 janvier], la ministre faisait état de son attachement à l'indépendance des médias et [le 16 janvier] sa déclaration a pour objet d'influencer le CSA [...] Cette déclaration pose la question de l'indépendance des médias publics», affirme Christophe Ingrain, mettant en outre en avant la présomption d'innocence de son client, qui a fait appel du jugement.
Transformation de l'audiovisuel public
Le PDG de Radio France se trouve en fait au milieu d'un coup à plusieurs bandes joué par l'exécutif, dont la ministre de la Culture porte la parole dans ce dossier, selon Le Monde et Le Figaro.
«Cette condamnation en première instance nous invite à penser la transformation indispensable de l'audiovisuel public et plaide pour une loi sur l'audiovisuel public qui soit déposée rapidement», a en effet soutenu François Nyssen le 16 janvier, offrant une explication convaincante à son revirement soudain.
L'Elysée ne fait pas mystère de sa volonté de reformer l'audiovisuel public – souhaitant un vote d'ici la fin de l'année – et voit donc dans l'affaire Gallet une occasion en or d'y parvenir. «Cette transformation de l'audiovisuel public vise notamment à moderniser les modes de nomination des dirigeants et à renforcer la responsabilité des dirigeants de ces sociétés devant leurs conseils d'administration», a précisé la ministre.
Parmi les pistes de réforme envisagées : la création d'une holding regroupant Radio France et France Télévisions avec un dirigeant unique.