Mathieu Gallet, patron de Radio France, a été condamné le 15 janvier à un an de prison avec sursis pour «favoritisme» lorsqu'il dirigeait l'Institut national de l'audiovisuel (INA), une décision dont il va faire «immédiatement appel», selon ses avocats.
Mathieu Gallet, qui a présidé l'INA entre 2010 et 2014, a également écopé d'une amende de 20 000 euros. Le tribunal correctionnel de Créteil s'est montré plus clément que le parquet, qui réclamait 18 mois de prison avec sursis et 40 000 euros d'amende.
«Compte-tenu des conditions dans lesquelles l'enquête et l'audience se sont déroulées, la décision du tribunal n'est pas une surprise», ont réagi les avocats de Mathieu Gallet, Christophe Ingrain et Rémi Lorrain, à la sortie du tribunal. «Nous faisons immédiatement appel pour que la Cour examine ce dossier avec sérénité et dans le respect des droits de la défense», ont-ils ajouté.
Avant que le jugement soit rendu, Mathieu Gallet avait fait savoir par voie de presse qu'il ne démissionnerait pas de Radio France en cas de condamnation. Il compte aller au terme de son mandat à la maison ronde, dont la fin est prévue en mai 2019.
Le haut fonctionnaire de 41 ans est soupçonné d'avoir «favorisé» deux sociétés de conseil, auxquelles l'établissement public a commandé plus de 400 000 euros de prestations.
Le premier volet de l'affaire concernait l'entreprise Balises de son consultant Denis Pingaud. Ce professionnel de l'audiovisuel était utilisé par l'INA comme «conseiller externe». Rémunéré 5 000 euros par mois, il a perçu 130 000 euros hors taxes. Un total qui aurait dû forcer l'établissement de Bry-sur-Marne (Val-de-Marne) à mettre sa société en concurrence, pour respecter la réglementation sur les marchés publics.
Lors de son procès, Mathieu Gallet avait avoué n'avoir jamais été «confronté à ces questions de marchés publics», un domaine qui lui était «totalement inconnu». Il avait rejeté la faute sur «les équipes en place à l'INA», qui ne lui ont pas transmis de «signaux d'alerte» sur la nécessité de procéder à un appel d'offres.
La procureure, Amélie Cladière, avait estimé que Denis Pingaud servait de «coach personnel» à Mathieu Gallet, «financé avec de l'argent public», notamment pour lancer sa candidature à la direction de Radio France. Un scénario «au minimum insultant, au pire diffamatoire», avait rétorqué Mathieu Gallet, en détaillant les missions de son conseiller : écrire des discours, accompagner plusieurs projets de l'INA, dont la refonte du site internet, conseiller l'établissement sur sa stratégie.
Second volet de l'affaire, un contrat de 2013 entre l'INA et la société de conseil Roland Berger Strategy, pour 289 000 euros hors taxes. L'entreprise avait été choisie après un appel d'offres «trop court» et Mathieu Gallet avait faussé la concurrence en prévenant ce prestataire dès 2010 que l'INA aurait besoin de fusionner deux directions, selon la procureure.
Ses avocats défendent, eux, la régularité de cette procédure : les sociétés avaient cinq jours pour envoyer leur «fiche d'identité» à l'INA, mais disposaient de plusieurs semaines pour formuler une véritable offre commerciale.