Alors que le Front national (FN) est en plein processus de «refondation», la perspective des élections municipales de 2020 agite déjà les débats en interne. Alors que les dessous de la campagne présidentielle et du débat de l'entre-deux-tours ont récemment été révélés, les choix stratégiques du parti font l'objet de vives discussions. Dans Le Monde du 15 janvier, Steeve Briois, secrétaire général du parti, assure vouloir mener une campagne restreinte pour les municipales.
Objectif de cette stratégie : économiser de l'énergie et de l'argent pour se concentrer sur les villes où le FN est susceptible de l'emporter. Le maire d'Hénin-Beaumont en profite pour glisser que s'il avait «les pleins pouvoirs à Nanterre» (comprendre : s'il occupait le poste de Marine Le Pen à la tête du parti), il choisirait l'option la plus économique. «Je me concentrerais sur les villes où on est certains de gagner, plutôt que de monter des listes partout», explique-t-il.
L'élu frontiste fait référence aux précédentes campagnes locales auxquelles le FN a participé ces dernières années. Confronté à la nécessité d'établir des listes dans des territoires où il ne compte que peu d'adhérents, le parti avait dû faire face à plusieurs couacs : néophytes très inexpérimentés, candidats au passé sulfureux sur les réseaux sociaux, sympathisants poussés à se présenter coûte que coûte... Steeve Briois veut rompre avec cette logique des candidatures à tout prix. «Je me suis rendu compte que beaucoup de candidats n’étaient pas formés, ne savaient pas mener campagne et ne savaient pas quoi faire une fois élus au conseil municipal», argumente-t-il.
Fini les listes avec un centenaire, un clochard et un mort. Il faut être crédible
Cette ligne, en rupture avec celle des «candidats partout» prônée jusque-là par Marine Le Pen notamment, est également celle défendue par Sébastien Chenu, député frontiste. Ce dernier n'hésite pas à surenchérir, laissant entendre que les profils des candidats retenus par le passé par le FN laissait parfois fortement à désirer : «Fini les listes avec un centenaire, un clochard et un mort. Il faut être crédible», martèle-t-il dans les colonnes du quotidien du soir.
La présence de candidats du FN dans un maximum de circonscriptions électorales, qu'elles soient communales, cantonales, départementales ou législatives, est pourtant perçu par de nombreux militants comme un gage de la normalisation du parti sur la scène politique. Preuve de sa respectabilité autant que de sa capacité à s'enraciner sur tout le territoire, cette stratégie était devenu un argument politique. Reste donc à savoir si le souhait de certains cadres frontistes sera entendu par Marine Le Pen.