France

«Les barbelés, ça rappelle les camps» : le gouvernement monte au créneau après la une choc de L'Obs

La publication d'une couverture portraiturant Emmanuel Macron barricadé derrière une herse de barbelés, censée faire référence au sort des migrants, a fait réagir la ministre Jacqueline Gourault et le chef de file des Marcheurs Christophe Castaner.

La une du magazine L'Obs du 11 janvier, représentant Emmanuel Macron derrière des barbelés et accompagnée du titre «Bienvenue au pays des droits de l'homme...», le tout en rouge, blanc et noir, est visiblement très mal digérée au sein de la majorité présidentielle.

Après l'émotion suscitée par la force de cette image sur les réseaux sociaux (louangeurs ou au contraire outrés), le pouvoir passe à l'offensive. Emmanuel Macron lui-même, lors d'une conférence de presse à Rome le 11 janvier en compagnie du chef du gouvernement italien, Paolo Gentiloni, a déclaré – bien qu'il n'est pas possible d'affirmer qu'il avait alors la une de L'Obs en tête : «Il y a beaucoup de confusion chez les intellectuels.»

Il a également estimé qu'en matière de migration, il fallait «se garder des faux bons sentiments».

Les barbelés, ça me parle beaucoup. Je pense que ça parle à beaucoup de Français

Le même jour, Jacqueline Gourault, ministre auprès du ministre de l'Intérieur Gérard Collomb, a déploré une couverture qui, selon elle, «manque de rigueur». «Les barbelés, ça me parle beaucoup. Je pense que ça parle à beaucoup de Français [...] Ca rappelle les camps [de la Seconde guerre mondiale]», a déploré cette ancienne professeur d'histoire-géographie lors de l'émission Questions d'info pour LCP-France Info-Le Monde-AFP. 

Sur le plateau de l'émission 8h30 Politique sur France Info, le délégué général de La République en marche (LREM) Christophe Castaner a lui aussi livré son sentiment à propos de cette une : «Elle m'a choqué, parce qu'elle ne correspond pas à la réalité.» Le chef de file du parti de la majorité présidentielle a également déclaré : «C'est le choix éditorial de L'Obs qui pense qu'il faut faire ce genre de une pour mieux vendre», une démarche qu'il a par ailleurs qualifié de «retape». Et de déplorer : «Ça ne correspond pas à la ligne éditoriale du lecteur, de l'abonné que je suis à titre personnel.»

Une couverture «indigne» ou «appropriée» ?

Les Républicains (LR), eux, semblent trouver que l'action présidentielle en matière migratoire serait trop timorée, à rebours de ce que laisse entendre la une de l'hebdomadaire de gauche. Gilles Platret, porte-parole du parti, a ainsi ironisé sur Twitter : «Que L’Obs soit pleinement rassuré, ce n’est pas en augmentant l’aide médicale d’Etat de 110 millions d'euros et en baissant les crédits de reconduites à la frontière, comme il l’a fait dans la loi de finances, que M. Macron va contrer les flux migratoires sur le sol français !»

Sur Twitter, les réactions ont été bigarrées. La couverture du magazine a été été jugée «indigne» par le journaliste Frédéric Martel...

...ou encore «ignoble», relevant de la «presse poubelle», pour un utilisateur de Twitter. 

Le magazine compte néanmoins des défenseurs : «Cette une de L'Obs est top, elle est raccord avec le projet affreux du gouvernement sur l'immigration», a par exemple souligné une internaute aux sympathies La France insoumise (LFI).

Thomas Guénolé, intellectuel proche des Insoumis, a également jugé cette couverture approprié.

Critiquée à gauche, soutenue à droite, la politique migratoire d'Emmanuel Macron suscite de vives réactions au sein de la classe politique. Les contempteurs de la politique gouvernementale pointent notamment du doigt le recensement prévu dans les centres d’hébergements d’urgence, qui selon eux constitue une atteinte au respect des droits fondamentaux.

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