«Nous sommes conscientes que la personne humaine n’est pas monolithe : une femme peut, dans la même journée, diriger une équipe professionnelle et jouir d’être l’objet sexuel d’un homme, sans être une "salope" ni une vile complice du patriarcat», expliquent les auteurs d'une tribune publiée dans Le Monde ce 9 janvier 2017.
Un collectif d'une centaine de femmes, qui comprend Catherine Deneuve et l'écrivain Catherine Millet, dénonce ce qu'il considère comme une dérive puritaine faisant suite aux révélations et accusations d'agression sexuelles à l'encontre du producteur américain Harvey Weinstein. «De fait, [la campagne sur Twitter] #metoo a entraîné dans la presse et sur les réseaux sociaux une campagne de délations et de mises en accusation publiques d’individus qui, sans qu’on leur laisse la possibilité ni de répondre ni de se défendre, ont été mis exactement sur le même plan que des agresseurs sexuels», déplorent les signataires de la tribune.
Le viol est un crime. Mais la drague insistante ou maladroite n’est pas un délit, ni la galanterie une agression machiste
«En tant que femmes, nous ne nous reconnaissons pas dans ce féminisme qui, au-delà de la dénonciation des abus de pouvoir, prend le visage d’une haine des hommes et de la sexualité», argumentent-elles encore après avoir pris soin de distinguer drague et agression sexuelle. «Le viol est un crime. Mais la drague insistante ou maladroite n’est pas un délit, ni la galanterie une agression machiste», prennent-elles le soin de préciser.
Volée de bois vert sur Twitter
Néanmoins l'exercice délicat ne semble pas avoir convaincu nombre d'utilisatrices de Twitter, lesquelles ont vivement réagi. La féministe Caroline de Haas dénonce ainsi une défense, d'après elle, du «droit d'agresser sexuellement» les femmes. «2018 s'annonce bien», ironise-t-elle encore.
Une journaliste d'Europe 1 pointe quant à elle la catégorie sociale des signataires de la tribune, souvent des artistes et des personnes de profession libérale, évoquant une «complainte des femmes riches».
Catherine Deneuve, figure la plus connue des signataires, se retrouve souvent en première ligne des commentaires critiques. Une internaute outrée a repris un hashtag peu usité, #BalanceTaFausseFeministe, pour dénoncer la tribune.
Une utilisatrice qualifie de «greluches» les signataires de la tribune...
... tandis qu'une autre suggère avec ironie que Catherine Deneuve ne serait pas dérangée d'être harcelée.