France

«Les Je ne suis pas Charlie finiront comme tous les perdants de l’histoire» : Fourest fait polémique

Trois ans après les attentats contre Charlie Hebdo, Caroline Fourest fustige les «anti-Charlie» qui cracheraient, selon elle, sur la laïcité et verraient la France comme islamophobe. Une analyse qui a ses détracteurs, mais aussi ses soutiens.

Interrogée par Libération sur le thème de l'hommage rendu pour les trois ans des attentats de Charlie Hebdo le 7 janvier, la journaliste Caroline Fourest s'en est pris avec virulence à ceux qu'elle nomme les «anti-Charlie».

Celle qui a travaillé pour le journal satirique lorsqu'il décida de publier les caricatures de Mahomet en 2006 déclare avoir du mal, après ces massacres, à supporter les «anti-Charlie» qui continuent à «calomnier» une France qu'ils qualifieraient d'«islamophobe». Elle estime donc que le jeu n'est pas égal «entre ceux qui risquent la mort en parlant sur l'intégrisme [comme Charlie Hebdo] et ceux qui ne risquent rien à cracher contre les laïques».

Après les commémorations du 11 janvier 2015, soit quatre jours après la tuerie qui a fait 12 morts, Caroline Fourest affirme qu'une nouvelle génération est née au sein des «JesuisCharlie, prête à défendre les valeurs de la laïcité et ses acquis». En ce sens, elle déplore qu'une minorité se disant «anti-Charlie» soit manipulée par «des intégristes mais aussi par des experts, des universitaires et des intellectuels "anti-Charlie"».

Pour elle, ces derniers sont plus dangereux que les terroristes car ils racontent «partout que la France méritait ce qui lui est arrivé [les attentats] parce qu'elle était "islamophobe", tout comme Charlie Hebdo». Une «contre-vérité» pour Caroline Fourest qui atteste que les «"anti-Charlie" finiront comme tous les perdants de l'histoire».

«Il existe une "laïcosphère" ou "je-suis-charlie sphère" bien plus dynamique et vigilante, qui ne laisse plus rien passer», se félicite-t-elle, évoquant le mouvement né après l'attentat. «Cette longueur d'avance nous protège de la "fachosphère"», se réjouit-elle.

Manuel Valls salue, Laurence de Cock et Usul dénoncent

Une analyse qui n'a pas forcément été partagée par tous les commentateurs. Laurence De Cock, la chroniqueuse de Mediapart publiquement opposée à Caroline Fourest et critique de la ligne éditoriale de Charlie Hebdo comme de l'esprit Charlie, réfute le terme de «perdants de l’histoire» qui est, à ses yeux, une «expression désignant les acteurs sociaux bannis du récit officiel de l’histoire par la pensée dominante garante d’un ordre bourgeois». Historienne, Laurence De Cock assure que «certain.e.s historien.ne.s savent réhabiliter [les perdants de l'histoire]».

En soutien de Laurence de Cock, le YouTubeur Usul s'est aussi exprimé : «Pow pow pow, Laurence on fire [Laurence de Cock en feu]». 

L'humoriste Didier Porte a également pris parti pour Laurence de Cock et décrit Caroline Fourest comme «une policière zélée de la pensée réduite à sa plus simple expression [par la réponse de Laurence de Cock]».

L'ancien Premier ministre Manuel Valls a lui tenu à saluer, sur Twitter, les propos de Caroline Fourest, «brûlants de vérité», selon lui.

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