France

Les Français se sentent de moins en moins «Charlie», surtout les plus jeunes

A quelques jours de la commémoration du troisième anniversaire de l’attentat contre Charlie Hebdo, un sondage Ifop révèle que 61% se sentent encore «Charlie» soit dix points de moins qu’en 2016 à la même période.

Réalisé auprès d’un échantillon de 1010 personnes, un sondage Ifop révèle qu’une majorité de Français se range toujours derrière le slogan «toujours Charlie». S’ils sont 61% actuellement à y souscrire ; ils étaient 71% en janvier 2016. Parmi eux, près de la moitié (46%) sont partisans à l’esprit du 11 janvier car il incarnerait la liberté d’expression. Ils sont 22% à l’expliquer pour des raisons purement émotionnelles.

Les 25-34 ans sont ceux qui adhèrent le moins au slogan né après l’attentat contre Charlie Hebdo. «Les moins Charlie d’entre nous se recrutent chez les jeunes, dans les catégories populaires et parmi les habitants des communes rurales. A titre d’exemple, entre janvier 2016 et décembre 2017, l’esprit Charlie a reculé de 15 points chez les moins de 35 ans et de 26 points chez les ouvriers», constate Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l’Ifop cité par Marianne. 

Outre l’analyse générationnelle, le sondage s’est également intéressé aux sensibilités politiques des personnes interrogées. Les électeurs d'Europe Écologie-Les Verts (83%) sont ceux qui se revendiquent le plus être en adéquation avec les valeurs portées par «Charlie», suivis des socialistes (73%) et des insoumis (71%). Quant aux électeurs du Front national, ils sont 53%.

La ligne éditoriale de Charlie Hebdo toujours aussi polémique

Si pour certains Charlie Hebdo est le symbole même de la liberté d'expression, ses nombreux détracteurs regrettent voire dénoncent ses caricatures qu'ils jugent offensantes. 

Le 15 novembre 2017, dans le cadre de l'émission Bourdin direct sur BFMTV, l'ancien Premier ministre Manuel Valls avait violemment fustigé le patron de Mediapart, Edwy Plenel, qui avait accusé la une du dernier numéro de Charlie Hebdo sur Tariq Ramadan de «mener une campagne générale contre les musulmans». «Je veux qu'il recule, je veux qu'il rende gorge, je veux qu'il soit écarté du débat public», avait-il fulminé, prenant soin d'ajouter : «Non pas par l'interdiction.» «Cette guerre, cette bataille d'idées, c'est celle-là que nous menons», avait-il encore martelé.

Deux jours plus tard, le 17 novembre, encore sur BFM-TV, l'humoriste  Yassine Belattar s'indignait : «Si à chaque fois qu'il y a un débat, ça finit entre Riss [directeur de la rédaction de Charlie Hebdo] et Plenel, ça devient grave dans ce pays». 

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