Le Parlement a définitivement adopté le 21 décembre, par un vote ultime à main levée à l'Assemblée nationale, le premier budget du quinquennat d'Emmanuel Macron, qui vise à ancrer le déficit public sous les 3% du PIB.
Porteur de mesures emblématiques et controversées, comme la transformation de l'ISF en impôt sur la seule fortune immobilière (IFI), la fin, progressive, de la taxe d'habitation pour 80% des ménages, la création d'un prélèvement forfaitaire unique (PFU) sur les revenus du capital ou encore la baisse des APL, le projet de budget 2018 a été très critiqué par la gauche qui le juge comme étant favorable aux riches.
Si la majorité La République en marche (LREM)-MoDem l'a évidemment soutenu, il a en revanche été rejeté par les Insoumis et les communistes, mais aussi par les Républicains (LR) et les socialistes.
«Promesses tenues», selon LREM
C'est dans un hémicycle peu garni pour le dernier jour des travaux parlementaires avant la pause des fêtes de fin d'année que le ministre de l'Action et des Comptes publics Gérald Darmanin a vanté «l'acte I de la transformation des moyens de l'action publique», un «budget de transformation au service du pouvoir d'achat de nos concitoyens et qui libère l'énergie des entreprises», selon lui.
Le ministre a ainsi invité tout un chacun à consulter le site de simulation lancé par le gouvernement pour concrètement voir «l'augmentation de pouvoir d'achat». «Les promesses ont été tenues», a renchéri le rapporteur général du Budget, Joël Giraud (LREM, issu du Parti radical de gauche), observant que les désaccords avec le Sénat à majorité de droite, principalement sur l'IFI et la taxe d'habitation, avaient nécessité cet ultime vote du projet de loi de finances.
«Budget des ultra riches», dénonce LFI
L'opposition est en revanche beaucoup plus sceptique quant aux mesures adoptées dans ce budget. La France insoumise (LFI) a dénoncé jusqu'au bout un «budget des ultra riches», le député Eric Coquerel soutenant que «les 1% des Français les plus riches [allaient] capter une très grande partie de vos cadeaux fiscaux».
Il a également récusé le gain de pouvoir d'achat, estimant que le gouvernement allait «donner aux salariés ce qu'il leur reprendra dans l'autre poche». Sa collègue insoumise Mathide Panot, pour laquelle le gouvernement «a choisi la Bourse, nous la vie», a aussi fustigé un «budget anti-écologique».
Du côté des Républicains aussi, le budget n'a pas convaincu. Gilles Carrez, ancien président de la commission des Finances, a par exemple épinglé Gérald Darmanin «qui se présentait en octobre comme le ministre du pouvoir d'achat», ironisant sur le fait qu'il soit «devenu en décembre le ministre des hausses d'impôts». Pour étayer son propos, il a notamment dénoncé la fiscalité écologique qui va selon lui «augmenter la taxe sur le prix du diesel ou fioul domestique», aux dépens «une fois de plus des classes moyennes».
Les socialistes ont également reproché au gouvernement, par la voix de la députée Valérie Rabault, de cacher «les mauvaises nouvelles». L'élue a fait remarquer qu'il était possible avec le simulateur mis en place par le gouvernement de calculer ses impôts sans la fiscalité écologique, tronquant ainsi les résultats. Elle a en outre jugé d'«une gravité absolue» que le gouvernement puisse critiquer les prévisions de l'Insee sur le pouvoir d'achat.