France

«Un projet utopique et une escroquerie» : Philippe de Villiers étrille Notre-Dame-des-Landes

Le chef de l'Etat rendra sa décision sur l’avenir de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes «au plus tard en janvier». Un projet que l'ex-président de Vendée villipende, regrettant en outre le manque d'intérêt de la droite pour la question écologique.

Dans une interview accordée au journal Le Monde du 12 décembre, le président Emmanuel Macron a annoncé qu’«une décision définitive sera[it] prise au plus tard en janvier» au sujet du projet de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. «Les intérêts climatiques seront évidemment pris en compte dans notre décision. Il y a aussi les aspects démocratiques et économiques», a affirmé le présdient de la République. A l'approche de la décision présidentielle sur ce dossier brûlant, un détracteur du projet, l’ancien président du conseil général de Vendée, Philippe de Villiers, a tenu à faire entendre sa voix. Il accable ce projet d'aéroport, qu'il taxe d'utopie et d'escroquerie.

[Ne pas céder] aux lubies de grands groupes de pression aux intérêts troubles

Philippe de Villiers s’en est ouvert dans une lettre adressée à Edouard Philippe, publiée sur Twitter, dans laquelle il appelle à ne pas céder «aux lubies de grands groupes de pression aux intérêts troubles».

Dans une interview au Figaro, Philippe de Villiers a déclaré : «C'est un projet des années 1960 qui est complètement obsolète.»

Le bilan carbone d'un nouveau chantier serait infiniment plus coûteux que la modernisation de l'aéroport existant

Pourquoi des mots aussi durs ? Le fondateur du Puy du fou estime qu’aucune ligne transcontinentale n’ira se poser sur cet aéroport. Pour lui, «le bilan carbone d'un nouveau chantier serait infiniment plus coûteux que la modernisation de l'aéroport existant». Le Vendéen conteste aussi le périmètre du référendum populaire, tenu le 26 juin 2016, qui avait approuvé la construction. «J'avais demandé [à ce] que la Vendée, qui fait partie de la zone de chalandise de l'aéroport de Nantes-Atlantique à hauteur de 12% des usagers, soit consultée», annonce-t-il. Mais il regrette que le président du conseil régional des Pays de la Loire l'en ait alors empêché, quand bien même sa région aurait majoritairement voté contre, selon lui. Le développement du parc de loisirs à thématique historique du Puy du fou, le grand-œuvre de Philippe de Villiers, serait selon lui négativement impacté par la construction qui provoquerait des embouteillages. Il est partisan de la solution de l’extension de l’aéroport existant de Nantes-Atlantique.

«Je ne comprends pas pourquoi la droite ne s'empare pas du sujet de l'écologie»

Qu'est-ce que la mission de la droite, si ce n'est l'enracinement, la préservation de nos paysages intimes ?

Pour un peu, on imaginerait que Philippe de Villiers se range du côté des zadistes… Que nenni, il demande que la zone à défendre soit évacuée et que l’on restaure l’Etat de droit. En revanche, il tient à affirmer sa sensibilité environnementale : «J'ai la fibre écologiste, mais je ne comprends pas pourquoi la droite ne s'empare pas du sujet de l'écologie.» Et d'argumenter, dans un entretien au Figaro Vox : «Car qu'est-ce que la mission de la droite, si ce n'est l'enracinement, la préservation de nos paysages intimes ? Comment la droite peut-elle défendre le glyphosate ?»

Co-fondateur et ex-président du Mouvement pour la France, Philippe de Villiers est l'une des principales figures politiques ayant incarné le conservatisme à la française. Si la question écologique est effectivement peu pregnante, aujourd'hui, dans le discours des responsables politiques de droite, celle-ci est décrite comme une composante majeure de la philosophie conservatrice par certains intellectuels et journalistes, en particulier ceux se revendiquant de l'idéologie de l'«écologie intégrale», représentée notamment par la revue Limite.

Fuites du rapport des médiateurs défavorables à la construction de Notre-Dame-des-Landes 

C’est entendu depuis la prise de fonction d’Emmanuel Macron : la décision prise sur Notre-Dame-des-Landes tiendra compte des informations contenues dans le rapport de médiateurs, dont le principe a été validé mi-mai par le Premier ministre Edouard Philippe. Composé de trois experts, Anne Boquet, Michel Badré et Gérald Feldzer, il est voué à mettre à plat toutes les considérations techniques et sera rendu le 13 décembre. Ce dernier a déjà fuité dans la presse, et les passages avisés par RTL laissent entendre que l’extension de l’aéroport de Nantes-Atlantique serait préférable à une création d'aéroport, car moins lourde, tant au niveau du financement que du bilan carbone.

Les experts en génie civil ont évalué l'agrandissement de l’aéroport à une somme comprise entre 415 et 545 millions d’euros. Le coût de la fermeture pour rénovation s'élèverait à 35 millions d'euros, et il faut ajouter à la facture le dédommagement du constructeur Vinci, une somme secrète qui pourrait atteindre 280 millions d’euros. L’addition, entre 500 millions et 795 millions d’euros, resterait inférieure à la construction d’un nouvel aéroport, évalué en 2010 à 561 millions d'euros pour quatre millions de passagers annuels, mais à 992 millions d'euros pour neuf millions de passagers. Le bilan carbone serait quant à lui inférieur de 11% pour l’extension de Nantes-Atlantique, qui de plus n’aurait pas de conséquence négative sur la faune du lac de Grand-Lieu.

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