France

Six policiers et deux gendarmes se sont donné la mort en une semaine

La vague de suicides au sein des forces de l'ordre continue de faire des ravages. Entre le 6 et le 13 novembre, huit membres des forces de l'ordre ont mis fin à leurs jours en une semaine, dont l'ancien patron de la lutte contre le hooliganisme.

Le 13 novembre, huit nouveaux suicides ont été constatés au sein des forces de l'ordre en une semaine. Après une apparente accalmie du phénomène depuis l'année noire de 2014 (55 suicides de policiers), la vague de suicides reprend et alarme en haut lieu.

Le 12 novembre, c'est le commissaire Antoine Boutonnet, ancien chef de la division nationale de lutte contre le hooliganisme, qui a été retrouvé mort, après avoir probablement mis fin à ses jours avec son arme de service, au terme d'une semaine noire dans les rangs des forces de l'ordre. Dans la soirée, ce bilan s'aggravait encore avec un nouveau suicide d'une policière dans la région de Perpignan.

Cette accélération du nombre de suicides a conduit le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, à demander le 12 novembre aux directeurs généraux de la Police nationale, de la Gendarmerie et de la Sécurité intérieure «une évaluation des mesures mises en œuvre pour prévenir les suicides parmi les forces de l'ordre», selon des propos cités par l'AFP.

Si un plan d'action avait été mis en place par le ministère de l'Intérieur en 2014, les attaques terroristes perpétrées sur le territoire français depuis 2015 et l'état d'urgence qui s'en est suivi ont compliqué son application. 

Un phénomène multifactoriel

Les raisons avancées par les syndicats pour expliquer les nombreux suicides dans ce secteur professionnel sont multiples :

« Policiers et gendarmes sont très mobilisés sur la défense des autres depuis deux ans. Peut-être que cela les a amenés à moins se soucier d’eux-mêmes mais peut-être que cela a également généré de l’usure », avance prudemment Céline Berthon, secrétaire générale du syndicat des commissaires de la police nationale (SCPN). Pour le syndicat Unité-SGP-Police, c'est la confrontation quotidienne à «la misère humaine, à la violence et au pire qu'on puisse trouver chez l'homme» qui expliquent le passage à l'acte ; mais le syndicat des gardiens de la paix, cité par l'AFP, pointe également un management «déplorable», le manque de considération et la désocialisation.

Lors d'une interview accordée à RT France en octobre, le directeur départemental adjoint d'Unsa Police, Nicolas Pucheu, avait également évoqué l'éloignement familial, les divorces et les séparations qui résultaient des conditions de travail extrêmes demandées aux policiers. 

Face aux situations intenables auxquelles se trouvent acculés les défenseurs de l'ordre public, la question se pose à nouveau aujourd'hui : comment éviter le passage à l'acte ? Comment travailler en amont des drames ?

Le ministre de l'Intérieur a annoncé vouloir réunir «rapidement les représentants des policiers et gendarmes pour évoquer les dispositifs de prévention existants et les moyens d'en renforcer encore l'efficacité».

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