France

Promenade du chien de Balladur, garde des enfants d'Hortefeux.. : les abus du service de protection

Ce 8 novembre, Le Parisien révèle quelques détails croustillants - et coûteux - sur les caprices de personnalités profitant d'un service de sécurité. Un système dont abusent aussi bien des personnalités politiques actuelles que d'anciens ministres.

Ce 8 novembre, Le Parisien publie une petite enquête qui va certainement assaisonner les prochaines notes de la Cour des comptes. En cause : les dérives du service de protection dont profitent certains responsables politiques d'aujourd'hui et d'hier. 

Ce service est supposé assurer la sécurité des ministres ou des membres de la société civile considérés comme cibles potentielles. Ces choix sont directement dictés par le ministère de l'intérieur. On apprend pourtant que certaines personnalités en feraient un usage pour le moins contestable. Ainsi, l'ancien Premier ministre Edouard Balladur aurait utilisé des officiers pour faire cirer ses chaussures ou promener son chien. Le quotidien s'amuse notamment d'avoir vu l'ancien chef du gouvernement sortir de chez un fleuriste, «le policier portant le bouquet». Offusqué par ces indiscrétions, François David-Cravenne, proche d'Edouard Balladur, répond : «Il a conservé longtemps ses officiers de sécurité et c'est bien la preuve qu'il ne leur demande pas n'importe quoi et rien de dégradant».

Autre ancien ministre concerné par ces révélations : Brice Hortefeux, ancien ministre de l'Intérieur, est également épinglé. Il aurait expressément demandé une protection, non pour lui-même, mais pour ses enfants – une mission s'apparentant davantage à de la garde d'enfants qu'à un service de protection. D'ailleurs, l'un des officiers de sécurité les escorterait régulièrement de Paris à Clermont-Ferrand. L'intéressé se défend : «Mes enfants disposent d'une protection très ponctuelle, à raison de deux fois par mois».  

Un officier comme chauffeur personnel

Parmi les proches de l'actuel président, le député Richard Ferrand est dans le viseur. Ce dernier ne se séparerait ainsi jamais de son officier de sécurité, utilisé comme chauffeur. Le Parisien s'interroge : de quelles menaces verbales ou physiques Richard Ferrand fait-il l'objet pour se voir attribuer un garde du corps ?

Toutes ces anecdotes peuvent prêter à sourire. Sauf que ces écarts ont un coût non négligeable que la Cour des comptes a déjà relevé dans différents rapports. Dans le langage policier, on évoque une «protection de confort» estimée à 10% du total des personnalités protégées (hors Elysée, cela représente environ 120 personnes). Selon la juridiction financière, le coût moyen annuel d'un officier est de 71879 euros et peut monter jusqu'à 100000 euros.

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