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Corruption : la France juge et condamne Teodorin Obiang, le fils du président de Guinée équatoriale

Le vice-président de Guinée équatoriale a été condamné à Paris à trois ans de prison et 30 millions d'euros d'amende avec sursis pour s'être bâti en France un patrimoine considérable, premier jugement français dans l'affaire des «biens mal acquis».

Fils du président Teodoro Obiang Nguema, Teodorin Obiang, 48 ans, qui ne s'était pas présenté lors de son procès, a été reconnu coupable de blanchiment d'abus de biens sociaux, de détournement de fonds publics, d'abus de confiance et de corruption.

Le tribunal, qui l'a condamné à trois ans de prison avec sursis et 30 millions d'euros d'amende également avec sursis a aussi ordonné la confiscation de l'ensemble des biens saisis, dont un somptueux hôtel particulier situé avenue Foch, à Paris.

Cette peine est inférieure à celle requise par le parquet national financier qui avait demandé trois ans de prison ferme et une amende ferme de 30 millions d'euros.

Le tribunal a rappelé qu'il était compétent pour juger Teodorin Obiang car il jugeait uniquement l'infraction de blanchiment commise en France par le dignitaire pour son usage personnel, et non des faits commis en Guinée équatoriale par Teodorin Obiang dans l'exercice de ses fonctions.

La confiscation des biens du prévenu devra cependant attendre l'issue d'une procédure en cours devant la Cour internationale de justice. Saisie par Malabo, qui conteste les poursuites françaises contre Teodorin Obiang, la CIJ a rendu en décembre dernier une ordonnance selon laquelle la France doit assurer, jusqu'à l'issue de cette procédure à la Haye (Pays-Bas), l'inviolabilité de l'immeuble.

«Une décision militante»

La défense de Teodorin Obiang a dénoncé une «ingérence dans les affaires d'un Etat souverain», et une «décision militante» après la condamnation du vice-président de Guinée équatoriale.

«Nous allons examiner tous les recours possibles», a ajouté maître Emmanuel Marsigny. 

Teodorin Obiang est le premier dignitaire à être jugé dans le cadre des procédures dites de «biens mal acquis», lancées en 2010 en France.

La justice française, qui cherche à savoir si les fortunes des familles de plusieurs dirigeants africains ont pu être bâties en France grâce à des fonds publics détournés de leurs pays, enquête également sur les patrimoines bâtis par les proches de Denis Sassou Nguesso (Congo), du défunt Omar Bongo (Gabon) ou encore du président centrafricain déchu François Bozizé.

Le procès du fils du président Teodoro Obiang Nguema, ancien ministre de l'Agriculture et des forêts promu vice-président par son père, s'était déroulé du 19 juin au 6 juillet.

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