France

Incendie de la Banque de France : l'artiste russe Piotr Pavlensky placé en détention provisoire

L'artiste russe controversé Piotr Pavlensky a été mis en examen et placé en détention provisoire, conformément aux réquisitions du parquet, pour avoir mis le feu à une succursale de la Banque de France.

Piotr Pavlensky et sa compagne ont été mis en examen par un juge d'instruction le 18 octobre pour «destruction du bien d'autrui par un moyen dangereux pour les personnes», selon une source judiciaire citée par l'AFP. L'artiste russe avait mis le feu à la façade d'une succursale de la Banque de France à Paris deux jours plus tôt. «[Piotr Pavlensky et sa compagne] ont été placés en détention provisoire conformément aux réquisitions du parquet», a confié à RT France une source judiciaire.

L'artiste controversé, qui avait été transféré le 17 octobre à l'infirmerie psychiatrique de la Préfecture de police, et sa compagne étaient présentés le soir du 18 octobre à un juge des libertés et de la détention (JLD), chargé de statuer sur leur placement en détention provisoire, requis par le parquet de Paris.

Pour expliquer son geste, Piotr Pavlensky avait déclaré, dans un message relayé par la militante des Femen Inna Shevchenko : «Mettre le feu à la Banque de France, c'est mettre un éclairage sur la vérité que les autorités nous ont forcés à oublier.» Il avait également qualifié la banque de «nouveau foyer d'esclavage».

Poursuivi pour harcèlement sexuel en Russie, réfugié politique en France

Accusé d'agression sexuelle en Russie et risquant une peine de dix ans d'emprisonnement, Piotr Pavlensky, a obtenu, avec sa femme, le statut de réfugiés politiques en France en janvier 2017. La ministre de la Culture de l'époque, Audrey Azoulay, désormais directrice générale de l'UNESCO, avait salué cette décision, sans toutefois nommer l'artiste. «C'est parce que la France défend les libertés que les artistes du monde y trouve [sic] refuge», avait écrit sur Twitter celle qui était encore membre du gouvernement.

Dans un entretien, accordé en septembre à la radio allemande Deutsche Welle, Piotr Pavlensky décrivait en ces termes la vie de sa famille dans l'Hexagone : «Nous ne travaillons pas, nous ne payons rien et nous squattons la maison dans laquelle nous vivons [...] Nous prenons de la nourriture dans les magasins : ici la sécurité n'est pas très attentive. Les transports sont également relativement mal contrôlés.» Il assurait «[vivre] comme la plupart des Français».

Habitué aux coups d'éclat, Piotr Pavlensky a défrayé à de nombreuses reprises la chronique en réalisant des performances qu'il considère comme autant de revendications politiques. Il s'est, entre autres, cousu les lèvres en soutien aux Pussy Riot (groupe de punk rock féministe dont les membres cagoulés s'étaient produites dans la cathédrale du Christ-Sauveur de Moscou priant la Vierge de les délivrer de Vladimir Poutine) ou cloué la peau des testicules sur les pavés de la place Rouge. Il a également arrosé d'essence et incendié les portes du siège du FSB à Moscou, une action pour laquelle il avait été condamné à 500 000 roubles (7 900 euros) d’amende.