Alors que les accusations de viols et d'agressions sexuelles se multiplient à l'encontre de Harvey Weinstein, provoquant un véritable séisme à Hollywood, les témoignages sur les habitudes sulfureuses du producteur américain affluent dans la presse. Y compris en France.
A Cannes, rapporte un professionnel du cinéma cité par Le Parisien le 12 octobre, le magnat hollywoodien était connu pour deux choses : les loueurs de yachts et les hôtels. Dans ces derniers, chaque année, «il y organise des fêtes avec partouzes et cocaïne», déclare cette source. Avant d'ajouter : «Harvey a même sur place un surnom très parlant : "the Pig" [le Porc]. Si les chambres d'hôtels pouvaient parler...»
Il semble être, à l'égard des femmes, dans un rapport de pouvoir digne d'un Pygmalion pervers
D'après un autre témoin français, l'ex-agent de comédiens et comédiennes Dominique Besnehard, le rapport du producteur américain aux professionnelles du milieu du cinéma n'était en rien bon enfant : s'il déclare qu'«aucune histoire d'agression» ne lui a été rapportée directement, le Français fait savoir que des actrices lui ont confié avoir été convoquées dans sa chambre... avant d'en partir en courant. «Il semble être, à l'égard des femmes, dans un rapport de pouvoir digne d'un Pygmalion pervers», ajoute-t-il.
Plusieurs Françaises parmi les femmes accusant Harvey Weinstein d'agression sexuelle
Producteur phare du cinéma américain, Harvey Weinstein a été impliqué dans le succès d'un certain nombre de pépites du cinéma français – si bien qu'il a été décoré par le président Nicolas Sarkozy, en 2012, de la Légion d'honneur. Il a notamment distribué aux Etats-Unis The Artist (récompensé de cinq Oscars), Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain ou encore Intouchables.
J'étais pétrifiée. Mais je sentais que plus je montrais ma peur, plus je l'excitais
Or plusieurs actrices françaises ont récemment accusé le producteur américain de les avoir agressées sexuellement. Ainsi, Emma de Caunes a raconté le 10 octobre au New Yorker avoir fui la chambre de Weinstein, au Ritz à Paris en 2010, alors que celui-ci était apparu face à elle «nu et en érection». «J'étais pétrifiée. Mais je sentais que plus je montrais ma peur, plus je l'excitais», décrite-elle.
Judith Godrèche a rapporté au même journal qu'Harvey Weinstein lui avait proposé un massage dans sa suite, au Festival de Cannes de 1996. Devant son refus, le producteur l'aurait serrée contre elle, et lui aurait retiré son sweat. L'actrice française dit avoir réussi à se dégager de son emprise et à prendre la fuite.
Il est grand et gros, j'ai utilisé toute ma force pour lui résister
Au Guardian le 11 octobre, Léa Seydoux a décrit sa rencontre avec le magnat hollywoodien : «Nous étions sur le canapé, et soudain il s'est jeté sur moi et a essayé de m'embrasser. Il est grand et gros, j'ai utilisé toute ma force pour lui résister. J'ai quitté sa chambre, j'étais dégoûtée.»
Le 13 octobre, enfin, l'actrice Marlène Jobert a déclaré au micro d'Europe 1 que sa fille, la comédienne Eva Green, avait également été victime de l'«horrible bonhomme», mais aurait «préfère oublier» et ne pas en parler aujourd'hui. «Il s'est passé exactement pareil qu'avec les autres. Elle est arrivée à s'échapper, mais il l'a menacée de la détruire professionnellement», a-t-elle assuré.
La chute d'un ponte d'Hollywood
Accusé d'agressions sexuelles par plusieurs actrices et (à ce jour) de quatre viols, Harvey Weinstein est visé par une enquête policière à New York ainsi qu'au Royaume-Uni.
Les investigations de la police new-yorkaise se cantonnent pour l'instant à une agression sexuelle présumée remontant à 2004, selon l'AFP. L'enquête de la police britannique concerne elle une agression sexuelle qui aurait été commise dans les années 1980 dans la région de Londres.
Mais les choses ne devraient pas s'arrêter là, le producteur étant soupçonné d'avoir sévi durant plusieurs décennies, obtenant à chaque fois que c'était possible le silence de ses victimes grâce à des accords de confidentialité grassement payés.
Depuis les premières révélations du New York Times le 5 octobre, le producteur a vu fondre le nombre de ses soutiens et a même été licencié par sa propre maison de production, The Weinstein Company.